Symptômes de l’intensification des échanges mondiaux, les espèces exotiques envahissantes (EEE), également appelées espèces invasives, trouvent dans nos espaces naturels des conditions propices à leur développement. Elles profitent de l’absence de prédateurs dans les milieux hôtes mais également des déséquilibres des écosystèmes dus à d’autres facteurs (pollution, gestion inappropriée,changement climatique …).
Les espèces exotiques envahissantes constituent l’une des cinq causes d'érosion de la biodiversité dans le monde, avec la disparition des milieux et des habitats naturels, le changement climatique, la surexploitation des ressources, et les pollutions. Si elles sont aujourd’hui médiatisées à cause des fortes pressions qu’elles exercent sur la biodiversité locale, leur impact va bien au-delà des déséquilibres écologiques qu’elles peuvent engendrer avec des conséquences sanitaires, économiques…
Ainsi, les actions menées contre les espèces exotiques envahissantes protègent la biodiversité, mais aussi in fine le bien-être humain.
des extinctions recensées dans le monde sont directement ou en partie dues aux EEE
En Europe, le nombre d'espèces exotiques envahissantes ont augmenté d'au moins 76 % ces 35 dernières années
Des réglementations s’appliquent à l’échelle internationale, européenne et nationale.
Au niveau européen, sur les 13 000 espèces exotiques, 1200 à 1900 sont estimées invasives et seules 88 (41 plantes et 47 animaux) sont réglementées, c'est-à-dire interdites de commerces et d'introduction. Le règlement européen est codifié dans le code de l'environnement dans les articles L411-5 à L411-10. L'arrêté ministérielle du 14 février 2018 fixe en métropole les règles d'introduction des espèces animales et végétales invasives.
En 2023, 2 espèces végétales et 5 espèces animales ont été ajoutés à la liste européenne des 88 espèces.
De nouvelles espèces sont aujourd’hui encore régulièrement introduites en France, de manière volontaire ou involontaire. En métropole, en moyenne, 12 nouvelles espèces exotiques envahissantes s’installent tous les dix ans depuis 1984 (sur une liste de 84 EEE) dans chaque département (source ONB, 2023).
Pour les espèces végétales, les scientifiques estiment que, globalement, une seule espèce végétale introduite sur 1000 devient problématique (selon Williamson, 1996 – « The varying success of invaders »). Certaines espèces exotiques introduites n’apparaissent jamais hors des zones d’implantation, d’autres y parviennent mais disparaissent très vite. Un petit nombre s’adapte, certaines réussissent à étendre leur aire de répartition et parfois à proliférer.
nouvelles EEE s'installent tous les 10 ans par département en métropole
source : ONB, 2023
millions d'euros par an sont dépensés à cause de la gestion des EEE en France
d'impacts négatifs sur la qualité de vie de l'être humain
espèces végétales invasives en Centre-Val de Loire | CBNBP, 2023
espèces animales invasives en Centre-Val de Loire | OFB, 2021
Parmi les 833 espèces introduites (de manière fortuite ou intentionnelle) recensées, seules quarante-deux espèces sont considérées comme invasives (auxquelles il faudrait ajouter les « potentiellement » invasives, c’est-à-dire les plantes ayant un fort caractère invasif donc pouvant se révéler être une menace pour les autres espèces / habitats).
Il a été noté la présence de :
Le développement des espèces exotiques envahissantes peut vite devenir incontrôlable et engendrer des impacts importants. Ainsi des populations encore petites, présentes en Centre-Val de Loire, peuvent servir de relai pour une implantation plus large. Il est nécessaire d’agir le plus rapidement possible sur ces petites populations si l’on souhaite viser une éradication. Si cette première étape est « manquée » et que les populations sont trop développées, une politique d’endiguement ou d’atténuation des impacts est préconisée.
On distingue plusieurs catégories d’impacts :
Surveiller leur évolution, éviter l’introduction, définir une stratégie de gestion et communiquer sont autant d’outils pour éviter les surcoûts écologiques, sanitaires et économiques que peuvent engendrer ces espèces.
Les plantes envahissantes sont classées en 4 catégories :
La liste catégorisée des EEE du Groupe de travail des EEE du bassin Loire-Bretagne rend compte de la liste hiérarchisée de la flore et de la faune invasive à l’échelle du bassin. Les animaux invasifs sont ainsi classés en 4 catégories :
Les différentes écrevisses exotiques sont également présentes en Centre-Val de Loire et ont des impacts directs sur la biodiversité. Elles concurrencent l’Écrevisse à pieds blancs, espèce protégée, occasionnent des dégâts majeurs pour l’économie, avec des cas de destruction de berges, de fragilisation des bases d’ouvrages hydrauliques, de perte de production piscicole dans les étangs. Des expériences de gestion, comme la stérilisation ou le piégeage, sont en œuvre et recensées dans les retours d'expériences de gestion faune rédigés par le GT EEE.
Enfin certaines petites bêtes exotiques peuvent également avoir de nombreux impacts. C’est notamment le cas des coccinelles asiatiques qui, introduites pour détruire les pucerons, tendent également à éliminer les coccinelles autochtones. Les substances qu’elles émettent modifient, en outre, le goût du vin si elles sont présentes sur le raisin pendant les vendanges.
De nombreuses ressources existent et des réseaux sur les EEE se sont constitués à différentes échelles territoriales. N’hésitez pas à consulter leurs sites internet ou à demander un appui technique !
Érable frêne ou negundo, espèce invasive avérée secondaire ©L. Roger-Perrier
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Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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