Les changements climatiques, induits par les activités humaines, bouleversent la planète et les écosystèmes. En Centre-Val de Loire aussi les effets se ressentent, ils impactent la biodiversité locale et notre qualité de vie.
Climat et biodiversité sont interdépendants depuis des millions d’années.
Aussi le changement climatique en cours a des incidences concrètes sur les territoires :
Autant d’incidences directement observables et qui modifient les habitats naturels, perturbent le cycle de vie des espèces… et donc impactent la biodiversité régionale.
Pour aller plus loin sur le sujet, comprendre les mécanismes physique du climat terrestre et comment les activités humaines le dérègle, mieux saisir le rôle fondamental de la biodiversité, consultez le dossier thématique Climat & biodiversité.
Aujourd'hui, le climat régional a déjà été modifié, avec :
En Centre-Val de Loire, les projections climatiques montrent une poursuite du réchauffement annuel, été comme hiver, jusqu'aux années 2050, quel que soit le scénario du GIEC pris en compte. Les tendances d'évolutions au XXIème siècle s'orientent vers :
L'étendue du territoire et le relief existant font apparaitre une grande différence de précipitations annuelles sur la région :
Quel que soit le scénario climatique considéré, les projections montrent peu d'évolution des précipitations annuelles d'ici la fin du XXIe siècle.
Néanmoins, cette absence de changement en moyenne annuelle masque cependant des contrastes saisonniers, avec notamment une augmentation des précipitations hivernales.
Les scénarios du GIEC sont constamment cités lorsqu’on s’intéresse au climat et à son évolution.
Les scénarios RCP (Representative Concentration Pathway) : profils représentatifs d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre (GES), d'ozone et de précurseurs des aérosols pour le XXIe siècle et au-delà. Ces scénarios de trajectoire du climat jusqu'à l'horizon 2300 correspondent à des efforts plus ou moins grands de réduction des émissions de GES au niveau mondial.
Il existe quatre scénarios dans le rapport du GIEC : RCP2.6, RCP4.5, RCP6.0 et RCP8.5
Les climatologues déduisent à partir des scénarios de référence, les conditions climatiques et les impacts du changement climatique associés. Le scénario RCP2.6 implique de fortes réductions d’émissions de GES par la communauté internationale. Le RCP8.5 est le plus pessimiste, mais c’est un scénario probable car il correspond à la prolongation des émissions actuelles.
Pour en savoir +, l'infographie du 5ème rapport du GIEC. Plus d'informations en suivant ce lien
Actuellement, le seuil choisi de 20 mm de cumul journalier de pluie correspond à des valeurs peu fréquentes voire rares pour notre région (3,5 jours par an en moyenne). Les cumuls journaliers supérieurs à 20 mm oscillent entre 0 et 10 jours maximum par an.
Le nombre de jours de fortes précipitations augmentera annuellement de 1 à 3 jours par an sur la région Centre-Val de Loire selon le modèle d’évolution choisi.
Le nombre annuel de journées chaudes est très variable d’une année sur l’autre en région Centre-Val de Loire, mais relativement homogène géographiquement. Depuis une cinquantaine d'années, la région connait une forte augmentation du nombre de journées chaudes de l’ordre 10 à 30 jours.
Les projections climatiques montrent une augmentation du nombre de journées chaudes en lien avec la poursuite du réchauffement. À l'horizon 2071-2100, cette augmentation serait de l'ordre de 18 jours de plus, par rapport à aujourd'hui selon le scénario RCP4.5, et de 50 jours selon le RCP8.5.
Sous l'effet des changements climatiques, le cycle de l'eau se dérègle. C'est ainsi qu'il est possible de prévoir non seulement une augmentation des épisodes de sécheresses mais aussi des crues, des pénuries d'eau et des coulées de boues...
Des incertitudes demeurent concernant l’évolution de la fréquence et de l’intensité des crues et le risque inondation, d’autant plus que les crues potentiellement les plus impactantes ont pour origine l’amont du bassin de la Loire qui est hors de la région Centre. Mais selon le 5ème rapport du GIEC, la proportion de la population affectée par des crues majeures va augmenter.
Dès aujourd'hui, le risque d’inondation figure au premier plan des risques naturels de la région en raison des crues de la Loire mais également d’autres rivières (Cher, Indre, Vienne…). Les zones inondables concernent une population directement exposée supérieure à 300 000 habitants et de l’ordre de 80 000 emplois. 12 % de la population vit actuellement en zone inondable. (Source DREAL CVL).
La réduction des précipitations d’été et l’augmentation des températures de l’air vont entrainer un allongement des périodes d’étiage et une diminution des débits des cours d’eau.
Les impacts des changements climatiques sur les eaux de surface (niveau d’eau des rivières) ainsi que sur la diminution des précipitations estivales impliqueront des répercussions sur les ressources en eau souterraines (niveau des nappes souterraines). Selon l’étude Explore 2070, la recharge des nappes souterraines serait affectée avec une baisse, sur la moitié de la superficie du bassin de la Loire, comprise entre 25 et 30 % à l’horizon 2070, ce qui en ferait une des deux zones les plus sévèrement touchées au niveau national. La baisse serait plus limitée pour les nappes des plaines alluviales dont le niveau est très lié au niveau de la rivière tandis qu’elle pourrait atteindre 10 m pour les nappes présentes au droit des plateaux et des contreforts des bassins sédimentaires.
habitant concerné par le risque inondation en Centre-Val de Loire
de recharges des nappes souterraines*
du débit moyen annuel des cours d'eau*
* Étude EXPLORE 70 : modélisation à l’horizon 2070 de l’aire des habitats favorables à l’échelle nationale pour 38 espèces, sous l’hypothèse du scénario GIEC A1B médian. Étude portée par la direction de l’eau et de la biodiversité du Ministère en charge de l'écologie, menée en 2013. Comparaison de la distribution actuelle avec la distribution potentielle.
Ces périodes de sécheresses et de déficits hydriques auront un impact sur les milieux humides, augmentant le risque de modification, dégradation ou disparition de ces milieux et des espèces associées.
En Centre-Val de Loire où 51% des surfaces sont des terres agricoles (statistique Agreste 2020), les secteurs de grandes cultures intensives sont particulièrement sensibles à ce risque d'érosion de sol. L’érosion est particulièrement présente dans les vignobles de coteaux mais également dans les zones de culture intensive du nord, de l’ouest et de l’est de la région : pays Chartrain, Perche, Gâtine Tourangelle, Gâtine, Gâtinais, Pays Fort. La modélisation de pertes en terre permet d’estimer qu'aujourd'hui plus de 25 % de la région est affectée par une érosion annuelle supérieure à 2 t/ha. (analyse de la DREAL)
L'érosion hydrique des sols peut produire des coulées de boues, impactant les habitants et les infrastructures mais aussi la qualité des eaux (des cours d’eau ou des pompages d’eau potable). En croisant la carte de l'aléa "érosion de sol" (lien vers GisSol) à la carte des secteurs où la probabilité de pluies intenses (donc érosives) sera le plus forte (lien vers le profil environnemental régional "évolution des jours de fortes pluies"), il apparait une corrélation. Ces territoires pourraient alors voir leur risque fortement augmenter.
L' augmentation des températures journalières moyennes mais également l'augmentation de la fréquence et de la sévérité des vagues de chaleur (plusieurs jours consécutifs aux températures anormalement élevées) vont provoquer des difficultés chez les personnes les plus vulnérables. La répétition de journées anormalement chaudes associées à des nuits où les températures restent élevées augmente les risques sanitaires (INSEE).
Or, les personnes âgées sont un peu plus exposées aux anomalies de chaleur que le reste de la population. En 2050, 1/3 de la population régionale aura plus de 65 ans, Cher et Indre étant les départements les plus vieillissants (données INSEE) et sera donc vulnérable aux températures élevées. Les personnes les plus modestes sont aussi davantage vulnérables face aux fortes chaleurs, notamment en raison de leurs conditions de logement.
Ces périodes de températures élevées, qui pourraient se produire dès les mois de mai-juin, perturberont alors les temps scolaires jusqu'à des fermetures de classe et reports d'examens, déjà observés depuis quelques années.
Ces jours anormalement chauds impacteront également de nombreux emplois, notamment dans la construction et l’agriculture, dont l’exercice est particulièrement difficile lorsque les températures sont anormales.
La hausse des températures engendrera un allongement des périodes de conditions favorables à l’expansion de maladies infectieuses (liées aux cycles de vie des pathogène ou vecteurs). Elle interagira également avec d’autres facteurs de sensibilité comme la pollution à l’ozone favorisée par les fortes chaleurs ou les risques d'allergies aux pollens. De plus, les risques d’incendies sont aussi plus élevés lors d’une vague de chaleur et viendront encore renforcer la vulnérabilité des populations, notamment en entraînant une dégradation de la qualité de l’air.
En Centre-Val de Loire, on prévoit entre +18 à +50 jours par an de journées chaudes d'ici 2060. L'augmentation des fréquences de canicule (+33% par an) et la baisse des précipitations en été (-13% par rapport à la référence actuelle -source ClimatHD) vont contribuer à augmenter le risque de feux de forêt en région. Jusque-là épargné, le Centre-Val de Loire sera comparable à la situation que connaissent les Landes aujourd'hui avec un risque de 10 à 25 jours par an de feux d'ici 2060.
Pour améliorer la connaissance sur les massifs forestiers les plus exposés, un atlas du risque des feux de forêt a été conçu par les services de l'État et les services départementaux d'incendie et de secours.
de la région soumis à un risque " feux de forêt " fort à très fort d'ici 2060 | DREAL, 2021
Les changements climatiques induisent des dégradations d'habitats pour les espèces animales et terrestres rendant leurs lieux de vie originels inadaptés. Les vitesses de migration sont différentes entre espèces marines et terrestres. En effet, les espèces terrestres sont freinées par les obstacles qu’elles rencontrent : fragmentation du paysage par les activités humaines, modification d’occupation des sols et disparition des corridors écologiques (haies, bocages, ripisylves…). Ainsi les espèces terrestres migrent 6 fois moins vite que les espèces marines : 1 km/an contre 6 km /an (article cité dans Natura Sciences et publié en 2020 dans Nature Ecology & Evolution).
Toutes les espèces terrestres ne peuvent pas se déplacer à la même vitesse. Si l’espèce ne rencontre pas d’habitat de remplacement favorable à son cycle de vie, alors il y a un risque d’extinction.
Le rapport du GIEC de 2018, sur un monde à +1,5 ou +2°C précise le risque. Avec une augmentation des températures mondiales de +2°C, 18 % des insectes, 16 % des plantes et 8 % des vertébrés devraient perdre plus de la moitié de leur espace de vie (lisez le rapport complet ou accédez à l'infographie du Monde sur des chiffres clefs). En Centre-Val de Loire, c’est le cas du Triton ponctué ou du Sonneur à ventre jaune qui verraient l'ensemble de la région leur être climatiquement défavorable d'ici 2060 (d'après le projet de recherche MODELISE).
La Pipistrelle de Kuhl a déjà notablement accrue son aire de répartition de près de 400%. Confinée pour l’Europe au bassin méditerranéen, on la trouve maintenant jusqu’en Grande Bretagne ou en Pologne. L’Oie cendrée hiverne aujourd’hui en France alors qu’elle ne faisait que transiter au début du XXè siècle.
Mais la modification des températures et des précipitations peut aussi favoriser l’installation ou l’expansion notamment d’espèces exotiques envahissantes plus adaptées. C'est le cas de la chenille processionnaire du pin, du moustique tigre, de l’ambroisie, ou des termites qui en Centre-Val de Loire verraient leur aire de colonisation augmenter de 3,5 fois.
Pour permettre d’optimiser les capacités de dispersion des espèces, il est primordial de faciliter leurs déplacements pour améliorer leur adaptation aux nouvelles conditions climatiques. Les mesures de restauration et d'entretien durable des espaces naturels, mais aussi de renaturation des espaces urbains sont donc d'autant plus nécessaires pour maintenir des habitats vivables et des corridors écologiques fonctionnels.
La Loire à Rochecorbon dans l'Indre-et-Loire, 6 août 22 © Florentin Cayrouse (@floc36)
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