La destruction des milieux naturels et leur fragmentation est la cause principale d’effondrement de la biodiversité. L'urbanisation via les constructions d’habitats, zones commerciales ou d’activités, les réseaux routiers, autoroutiers et ferroviaires, mais aussi les lumières nocturnes qui découlent de ces espaces artificialisés, créent des pollutions, une baisse des ressources alimentaires pour la biodiversité sauvage, une disparition des habitats et zones refuges.
Au-delà de l'artificialisation des sols, l'utilisation des espaces et la gestion appliquée sur ces espaces contribuent à la destruction de la biodiversité. L'intensification des pratiques agricoles ou forestières cause l'effondrement des populations d'insectes et d'oiseaux (-38% d'oiseaux communs en métropole en milieu agricole - programme Vigienature MNHN, 2018), une perte de diversité génétique par la standardisation des races élevées et des variétés cultivées, une érosion des sols (perte en fertilité).
L'artificialisation et l'utilisation intensive des espaces morcellent les espaces naturels en de plus petites entités déconnectées les unes des autres. Le morcellement des espaces naturels a plusieurs effets sur la biodiversité :
du territoire fortement impacté par la pollution lumineuse en coeur de nuit | ONB, 2020
des sites de milieux humides emblématiques sont menacés | MTES, 2020
d'espèces éteintes ou menacées dans la liste rouge nationale | ONB, 2022
des rivières a une naturalité estimée forte | ONB, 2019
Il est primordial, pour tout projet d’aménagement, de minimiser l’impact en préservant les corridors écologiques, et de maintenir ainsi une trame verte (connexion entre les milieux naturels et semi-naturels terrestres), bleue (connexion entre les milieux aquatiques et humides), brune (absence d'artificialisation des sols), blanche (absence de pollution sonore) et noire (absence de pollution lumineuse).
En savoir plus sur :
Fruit de l’aménagement et de l’organisation des espaces, l’occupation du sol illustre les choix de développement effectués par les territoires. Elle constitue un important enjeu de gestion de la ressource « sol », qui est une ressource « finie ».
On entend par occupation du sol : « la couverture (bio-)physique de la surface des terres émergées » (FAO, 1998), soit la caractérisation de l’usage que l’humain fait - ou non - des terres.
L’évolution de l’occupation du sol reflète donc celle de l’activité humaine, des paysages et de la biodiversité qui y est liée.
En Centre-Val de Loire, la majeure partie du territoire est occupée par des surfaces agricoles. D'après les données issues de la statistique agricole annuelle de 2021, la région est répartie en :
de terres arables (cultures temporaires)
de surfaces boisées et peupleraies
de sols artificialisés
de surfaces toujours en herbe
Les chiffres et la représentation cartographique permettent d'illustrer l'état actuel de l'occupation des sols en région.
L'étude de l'évolution des données sur les 20 dernières années montrent une forte tendance à l'artificialisation des surfaces. Ainsi, la perte en sols agricoles, naturels et forestiers représente l'équivalent de 14 terrains de foot par jour et par an entre 2000 et 2020.
Les surfaces artificialisées sont caractérisées par des sols imperméabilisés en raison du bâti ou d'un revêtement, ou bien des sols stabilisés et compactés ou constitués de matériaux composites. En définitive, l'artificialisation désigne des sols dont les fonctions écologiques ont été altérées.
Le flux d'artificialisation, c'est-à-dire le passage d'un sol naturel, agricole ou forestier à un sol artificialisé est évalué en région à 1 443 ha par an entre 2009 et 2021 (soit sur les 12 dernières années). Le rythme est plus faible qu'au cours de la première décade 2000 - 2010, cependant 30% des communes ont artificialisé entre 2013 et 2018 alors même que des ménages quittaient leur territoire.
La stratégie " zéro artificialisation " s'inscrit dans la lutte contre ce constat et vise à stopper ou compenser l'artificialisation des sols. Un objectif intermédiaire de -50 % de surfaces artificialisées par rapport au rythme de consommation mesuré entre 2011 et 2020, est fixé d'ici 2031.
En savoir plus sur l'artificialisation et la loi Climat et Résilience de 2021
La carte ci-contre illustre l'orientation technico-économique des exploitations (OTEX) en 2020. L'OTEX est l'activité principale source de revenus, déclarée par l'exploitant·e lors de sa déclaration.
Les céréales sont représentées en Beauce, Plateau de Sainte-Maure et Champagne berrichonne, les activités d'élevage dans le sud de la région. Le centre de la région (Sologne, Gâtines des Confins Touraine Berry et Pays fort) est assez varié entre activités d'élevage, grandes cultures, volailles et horticulture.
En Centre-Val de Loire, les routes constituent à 73 % les obstacles au déplacement des espèces (voir ici la répartition des obstacles en région). Cependant, la fragmentation des milieux naturels peut ne pas être aussi évidente que les routes, autoroutes, canaux et voies ferrées. Toute modification du milieu naturel propre au cycle de vie d'une espèce peut engendrer un dérangement et bloquer ses déplacements. C'est le cas par exemple des grandes plaines agricoles qui constituent un milieu ouvert rédhibitoire à certaines espèces (cerf, renard, oiseaux...). Sans aménagement végétal tel que des haies et bosquets pour maintenir une trame verte, ces animaux se retrouvent limités en habitats et en ressources naturelles et ne peuvent subvenir à leurs besoins. Dans le même esprit, la fermeture de milieux initialement ouverts (comme les pelouses) par l'embroussaillement puis la naissance d'une forêt entraînera des impacts négatifs sur la faune et la flore (compétition pour l'accès à la lumière notamment).
En savoir plus sur la trame verte et bleue en Centre-Val de Loire.
La gestion des espaces agricoles et forestiers impacte sur la propension du milieu " semi-naturel " à accueillir la biodiversité. La seule présence de massifs forestiers ou de prairies n'implique pas un milieu en bon état écologique, capable de subvenir aux besoins des espèces végétales et animales (par exemple des forêts de production gérées intensivement ou des prairies pauvres en diversité végétale).
Seules des pratiques de gestion durable sont garantes d'un espace favorable à la biodiversité. Des pratiques extensives, sans utilisation d'intrants source de pollutions, avec une diversité d'espèces cultivées (ou élevées) locales... sont autant de pratiques dites agro-écologiques qui permettent d'associer la biodiversité sauvage dans des espaces de production.
En Centre-Val de Loire, l'agriculture biologique par exemple, couvre 4,3 % des surfaces agricoles cultivées. L'agroforesterie est présente dans une trentaine d'exploitation, pour environ 160 ha (en 2020) et la part de forêt mixte en région est de 9 % en 2020.
Les rivières ont été aménagées, avec la construction d'ouvrages, pour permettre l'irrigation des cultures, la production d'énergie, le transport, ... Ces ouvrages fragmentent les cours d'eau et impactent entre autres le déplacement des espèces et limitent ainsi l'accès à leurs habitats, lieux de reproduction, nourritures, ... Ils altèrent alors la continuité écologique. Ils peuvent également dégrader la qualité de l'eau (augmentation de la température de l'eau, diminution de l'oxygénation, ...) et donc impacter la biodiversité associée.
La continuité écologique des cours d'eau est "la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur cycle de vie, le bon déroulement du transport naturel des sédiments ainsi que le bon fonctionnement des réservoirs de biodiversité"
En savoir plus sur la fragmentation à l'échelle métropolitaine :
Les obstacles à l'écoulement sont des ouvrages qui empêchent la continuité écologique des cours d'eau et fragmentent le milieu aquatique. La notion "d'ouvrages" distingue plusieurs catégories comme les seuils (généralement inférieurs à 5 m) et les barrages (entre 5 et 20 m).
Le code de l'environnement définit un ouvrage comme étant un obstacle dès lors que :
Les obstacles à l'écoulement permettent d'évaluer les pressions s'exerçant sur les milieux aquatiques. Ils sont qualifiés par 3 indices :
de cours d'eau | ORB, 2022 - données DR OFB
Pour retrouver une naturalité des cours d'eau et permettre le déplacement des espèces, différents types de travaux sont possibles :
Le choix de la solution doit se faire dans le respect de la réglementation, et en concertation avec les propriétaires et riverains afin de déterminer la solution la plus adaptée, en fonction du contexte local, des enjeux environnementaux, des impacts de l'ouvrage et de ses usages associés, des éléments techniques et financiers.
Pour aller plus loin, retrouvez des exemples de travaux en vidéo :
Chardonneret élégant. Cette espèce souffre du manque d'habitats (haies) et de la destruction des espaces naturels, des pollutions et du trafic d'animaux sauvages. ©M. Queyrie
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Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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Page
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