Sandra GONZAGA, animatrice nature au Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire.
Depuis toute petite, je savais que je voulais travailler dans la nature. Mes parents étaient des passionnés de nature et en particulier des oiseaux. Nous les observions en volière d'abord, puis les oiseaux sauvages. Le déclic pour moi s'est fait vers 7-8 ans.
Ensuite, des études de biologie m'ont conduite à l’université d’Orléans, avec une option entomologie (étude des insectes). Puis j'ai effectué des stages dans des réserves naturelles, ou encore animatrice nature dans des villages vacances. J'ai ensuite eu la possibilité d'un poste au Museum de Bourges pour animer des activités périscolaires, ce que j'ai fait pendant un an et demi. J'y ai découvert les chauves-souris !
En 1999, le poste au Conservatoire d'espaces naturels se crée, j'y postule dans le cadre des emplois jeunes. Je suis prise et suis maintenant basée à l'antenne de Vierzon. J'ai donc toujours suivi mon objectif de travail dans la nature.
J'ai toujours aimé être au contact du public donc ce poste convient vraiment à mes aspirations.
Je partage ce que j’aime, mes connaissances. J'essaie de créer l’émerveillement, une écoute, une attention par rapport à la nature. Ce qui est bien est d'avoir le retour immédiat, un partage de ressentis.
Souvent, les participant·e·s ont besoin d’être guidé·e·s, rassuré·e·s, ce qui est notre rôle. On nous dit souvent qu'au delà des simples balades, les personnes ne prennent pas le temps d'observer la nature, ou de comprendre ce que l'on observe.
Mon rôle, c'est de les inciter à prendre le temps, observer, se poser des questions... Parfois, une question fuse, que moi même je ne m'étais jamais posée !
J'essaie de créer l’émerveillement, une écoute, une attention par rapport à la nature.
Le nom arrive en dernier car dès que le nom est donné, il n'y a plus la même attention.
J'ai un principe : je ne dis jamais les noms au début de l'observation ! Que ce soit un animal ou un végétal, on prend le temps d’observer : combien de pétales, comment est la tige, pourquoi cette espèce est là, combien de pattes, etc. Le nom arrive en dernier car dès que le nom est donné, il n'y a plus la même attention. On observe avant tout, sans forcément capturer.
Autre chose que j'aime bien faire : demander à chacun de choisir une fleur par exemple, et leur demander de la décrire au reste du groupe. Les participant·e·s ont ainsi participé eux-mêmes à la recherche d’indices. J'apporte ensuite des renseignements complémentaires.
Je relie aussi souvent la nature aux affects, en faisant appel à des souvenirs (les miens et ceux des participant·e·s).
On prend le temps. J’aime beaucoup les sorties où on fait une pause au milieu de la balade, on s'assoit avec un goûter ou un pique-nique par exemple. On peut ainsi mieux profiter des ambiances sonores et des paysages, mieux partager.
Oui, certains reviennent. Certains changent de comportements et nous disent : "Maintenant quand je me promène, je sais où poser mon regard, je prends le temps. Je ne marche plus comme avant".
Dans les jardins également, certains font plus attention, en prenant compte de la biodiversité présente dans ces environnements.
Souvent les personnes qui viennent ne sont pas spécialistes, ils viennent prendre leur temps, ont besoin d’être guidé, d'avoir des explications. Ils ne souhaitent pas forcément des grands débats mais plutôt faire des observations, notamment à la loupe. Par exemple, les araignées sont très belles quand on regarde de près (les couleurs, les yeux...), même quand ça leur fait peur à la base.
Souvent les personnes qui viennent ne sont pas spécialistes, ils viennent prendre leur temps, ont besoin d’être guidé, d'avoir des explications.
J’aime beaucoup les animations du soir, quand journée et nuit se côtoient.
L’été : malgré les chaleurs et la nature qui souffre, cela reste une ambiance particulière... La nature est calme, on voit plus de choses (insectes par exemple)...Comme il fait chaud la journée, les sorties ont lieu en soirée. C'est ambiance pique-nique au crépuscule ! On partage, on dit ce que l'on a ressenti pendant la balade, on écoute les sons... C'est très apprécié. J’aime beaucoup les animations du soir, quand journée et nuit se côtoient. C'est très particulier, les oiseaux de la journée s'activent un peu avant d'aller dormir, et ceux de la nuit commencent à se réveiller.
Le soir, nous aussi on est plus calmes ! Notre corps se prépare à la nuit... On peut profiter plus longuement...
Je n'ai pas vraiment de lieu préféré, chaque lieu est différent. Mais les bords d’étangs c’est sympa, les zones humides en général (en dehors des moustiques !).
Il y a une sortie que j’aime particulièrement l'été : la nuit de la chauve-souris, sur la réserve naturelle du Bois des Roches. On s'installe à l'entrée d’un gouffre qui donne dans une grotte, en haut de falaise. À la tombée de la nuit, les chauve-souris sortent devant nous. Ce sont des Rhinolophes euryales. Elles viennent voler au dessus de nos têtes en nous frôlant. Parfois les gens les sentent voler tout près d'eux ! C'est un véritable balai de va-et-vient.
On a aussi une petite "BatBox" qui permet d'écouter les ultrasons des chauves-souris. C'est vraiment une de mes sorties préférées, tous les ans elle a beaucoup de succès !
À la tombée de la nuit, les chauve-souris sortent devant nous.
Je suis berrichonne d'origine et depuis que je suis au Conservatoire, j’ai appris à découvrir ma région, qui est pleine de jolis coins. On la limite trop souvent à la Sologne, la Loire et les champs de céréales ! Il y a plein d’endroits super beaux et très variés en Centre-Val de Loire et particulièrement dans le Cher ! C'est ce qui ressort des paroles du public. Je nous sens utiles par rapport à ça. Montrer qu'on a une grande richesse de biodiversité, il y a un enjeu à la préserver !
De plus en plus de questions sont posées sur les changements climatiques : que va-t-il se passer dans notre région, que peut-on faire... C'est un aspect sur lequel nous aimerions "muscler" nos animations.
Sandra à l'étang de Beaumont © Isabelle Gravrand_Cen CVL