Souvent associées à des habitats inhospitaliers peuplés de moustiques, exploitées pour la tourbe comme combustible, les tourbières sont pourtant des milieux humides à préserver, notamment pour leur importante capacité à stocker du carbone. Levons le voile sur cet écosystème, aujourd'hui rare en Centre-Val de Loire.
Les tourbières sont des milieux humides caractérisés par un sol saturé d’eau stagnante ou peu mobile. Cet état prive d'oxygène les bactéries et micro-organismes responsables de la dégradation des végétaux morts. Ainsi ces derniers s'accumulent et forment un dépôt de matière organique peu ou pas décomposée : la tourbe, très riche en carbone.
Du fait de ces conditions marécageuses pauvres en éléments minéraux, les tourbières sont habitées par des espèces végétales et animales spécifiques. Parmi les végétaux, on distinguera facilement ceux qui préfèrent les milieux acides, comme les sphaignes, de ceux qui préfèrent des milieux plus alcalins (basiques), comme les laîches, carex, joncs. Les végétaux vont s'associer selon leur préférence de température, d'ensoleillement... et les communautés ou espèces animales vont se développer en conséquence.
Pour qu'une tourbière se constitue, il est nécessaire d'avoir :
*Un climat tempéré à froid est idéal. Toutefois des tourbières équatoriales existent car les pluies abondantes compensent les pertes hydriques par évapotranspiration.
Selon l’approvisionnement en eau de la tourbière, une classification a été définie. On y distingue 4 types différents de tourbières.
De plus, selon l'épaisseur de tourbe présente et de sa teneur en matière organique, on distinguera la tourbière, la zone paratourbeuse (épaisseur de tourbe inférieure à 40cm) et des secteurs semi-tourbeux (faible teneur en matière organique).
Selon le mode d'apport en eau, on distingue plusieurs tourbières :
Schémas du fonctionnement hydrologique des principaux types des tourbières (d'après G.M. Steiner). Les flèches indiquent les mouvements latéraux ou verticaux de l'eau. (© Manneville et al., 1999)
Selon la nature du terrain, la géologie, la teneur en calcaire de l'eau, la tourbière sera :
En dehors de toute pollution, le pH de l'eau de pluie est de 5,5.
La tourbe est donc un sol organique, saturé en eau, riche de débris végétaux dégradés partiellement. Elle est composé d'au moins 20% de carbone (30% dans certains cas). La matière végétale s'accumule à un rythme moyen de 0,2 à 1 mm par an. Ainsi, on arrive à observer en France des épaisseurs de 50 cm, 5 m, 10 m mais aussi 19 m (record détenu par la tourbière de la Grande Pile dans les Vosges).
Les milieux tourbeux atteignent au moins 40 cm d'épaisseur. Ceux inférieurs sont qualifiés de para-tourbeux.
Ces sols tourbeux ou para-tourbeux peuvent ainsi se retrouver dans des tourbières, des marais tourbeux, des mares tourbeuses mais aussi des landes ou des boisements tourbeux ou para-tourbeux. De nombreux milieux aux faciès très variés mais toujours d'une grande richesse environnementale.
des terres émergées mondiales sont des tourbières
des tourbières sont en Russie, Canada, États-Unis, Malaisie / Indonésie
des terres émergées métropolitaines sont des tourbières
Source : Voyage au coeur des tourbières, Fédération des Conservatoires d'espaces naturels, 2013
Le climat, en France métropolitaine, est globalement favorable à l’existence de tourbières. Elles représentent environ 100 000 hectares et se rencontrent principalement dans les massifs montagneux du Jura, des Vosges, des Alpes, des Pyrénées, du Massif central, des Monts d’Arrée, du Morvan et des Ardennes (ONZH, 2009), ainsi que dans diverses vallées comme en Picardie ou Nord-Pas-de-Calais.
À petite échelle, en Centre-Val de Loire, de nombreux secteurs étaient favorables à l’apparition de tourbières. On en trouve encore quelques-unes au cœur des principales zones humides majeures que sont la Brenne, la Sologne et le Perche, mais pas seulement…
Des tourbières acides (pH <5) se rencontraient sur les sources de pente, en sols sableux ou granitiques, sur argiles à silex ou grés éocènes, comme par exemple en Sologne, en forêt d’Orléans, ponctuellement dans le Perche ou l’Indre et Loire (Continvoir, Ambillou).
De belles tourbières subsistent encore aujourd’hui comme les tourbières de la Guette (Cher), le complexe de prairies humides et tourbières du Simouët – tourbière des Landes (limitrophe Cher et Loir-et-Cher, un des plus beaux marais de Sologne), la tourbière des Froux (Eure-et-Loir) ou la tourbière résiduelle de Passebonneau (Indre), ou plus ponctuellement dans de petites dépressions en forêt d’Orléans.
La tourbière de la Guette au nord-est de Vierzon (18) est la plus grande tourbière recensée de Sologne avec une superficie de 23 ha. Classée Espace Naturel Sensible depuis 2012, elle dispose d'un plan de gestion depuis 2015 géré par la Maison de l'eau et la Communauté de communes Vierzon – Sologne – Berry et Villages de la forêt, en partenariat avec de nombreux acteurs. Depuis 2008, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut des sciences de la Terre d'Orléans (ISTO) étudient le site qui est altéré par la présence d'un aménagement routier. Ce dernier provoque un drainage superficiel et souterrain et conduit à l'assèchement du milieu. Une flore plus commune se développe alors au détriment des espèces spécialisées.
En savoir plus sur :
En Sologne du Cher et des rivières, à Ménétrol-sur-Sauldre, la Tourbière des Landes est également classée Espace Naturel Sensible (ENS). Elle regroupe des propriétés de la commune et du Conservatoire d’espace naturels Centre-Val de Loire, qui en est gestionnaire. Avec ses 10 hectares situés dans le lit de la Petite Sauldre, elle présente une mosaïque d’habitats tourbeux acides, landes humides et boisements marécageux.
Depuis les années 1960, le site non entretenu s’est boisé jusqu’à entraîner la quasi disparition de la lande humide. Des étangs communaux ont par ailleurs été creusés dans les années 1970 modifiant les niveaux d’eau. Depuis 2003, le Conservatoire tente de restaurer la tourbière en limitant l’embroussaillement et la présence d’arbres. Le boisement marécageux présentant également un fort enjeu écologique, tout l’enjeu consiste sur un savant équilibre entre les secteurs boisés et ouverts qui permettent l’expression de toute la biodiversité associée à ces différents milieux.
La tourbière est dotée d’un sentier de découverte d’environ 1 km ponctué de stations pédagogiques.
Pour en savoir plus :
À Manou en Eure-et-Loire, en bordure de la forêt de Senonches et au sein du Parc naturel régional du Perche, c’est la petite rivière Orème qui apporte l’eau, dans ce fond de vallon frais et boisé. Pluies abondantes et sources se chargent du reste.
La Tourbière des Froux qui en résulte, sur environ 8 ha, est classée depuis 1998 en réserve biologique dirigée, statut relevant du régime forestier. L’Office national des forêts en partage la gestion avec la commune propriétaire, le Parc naturel régional et le Conservatoire d’espaces naturels régional.
Là encore, devant l’enjeu que représentent les tourbières en région, il est nécessaire d’intervenir pour lutter contre l’assèchement et la fermeture de ce milieu si particulier. Depuis de nombreuses années, des travaux de restauration et d’entretien sont ainsi réalisés sur différents secteurs du site. Du pâturage avec des chevaux rustiques a été testé avec succès.
Un parcours d'1,5 km équipé de pontons sur pilotis part à sa découverte depuis le panneau d'information au niveau du parking du lavoir.
Pour en savoir plus :
Une très grande part des surfaces de tourbières de la région étaient alcalines (pH>6), dans les secteurs à calcaire affleurant ou au pied des plateaux, là où l’eau de source est chargée en carbonate de calcium et dans les vallées alluviales. Elles se rencontraient à l’amont des rivières de la Champagne berrichonne, dans les fonds de vallées de la Beauce (vallée de la Conie ou de la Voise par exemple, en Eure-et-Loir), les vallées de la Brenne ou la Cisse (en Loir-et-Cher), de l’Essonne ou de la Juine (dans le Loiret), ou encore vers Bourgueil et Langeais (Indre et Loire).
Souvent drainées et mises en culture, les vraies tourbières alcalines sont aujourd’hui rarissimes en Centre-Val de Loire. Ne subsistant le plus souvent que des bas-marais comme c’est le cas pour le marais de Mignerette (Loiret) dernier vestige d'une des plus grandes tourbières alcalines de plaine du sud du Bassin parisien. Quelques secteurs relictuels sont encore néanmoins présents comme dans la vallée du Changeon avec un ensemble combinant tourbières hautes actives et basses alcalines, ou encore dans le marais de Marsin (Loiret) avec des patchs de tourbières basses alcalines.
De part leurs caractéristiques pédologiques, les tourbières sont des milieux contraignants pour les végétaux. Les espèces qui y vivent sont donc particulièrement spécialisées et rares.
Parmi les espèces phares, les sphaignes sont caractéristiques des tourbières acides de "hauts marais", principalement alimentées par les précipitations. Ce sont des mousses indispensables à l’existence et au fonctionnement du milieu grâce notamment à leurs fortes capacités de rétention d’eau. Elles participent aussi à la constitution de la tourbe. De nombreuses espèces coexistent comme la Sphaigne papilleuse (Sphagnum papillosum) ou la Sphaigne rougeâtre (Sphagnum rubellum).
Les tourbières constituent un milieu privilégié pour d’autres mousses beaucoup plus discrètes comme Odontoschisma sphagni, une hépatique (plante terrestre primaire) dont les petites tiges feuillées sont intriquées parmi les brins de sphaignes. En Centre-Val de Loire, elle est principalement observée en Sologne.
Les tourbières sont également le milieu de vie d’une étonnante plante carnivore, la Drosera à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). L’habitat étant très pauvre en nutriments, elle complète son menu en scotchant et digérant de petits insectes grâce à ses feuilles rougeâtres munies de poils surmontés d’une gouttelette très visqueuse.
Parmi les végétaux dits supérieurs, la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium) est une habitante des tourbières acides de "Bas marais", cuvettes alimentées par des sources ou du ruissellement. Appartenant à la famille des Cypéracées, la Linaigrette à feuilles étroites se repère de loin grâce à ses inflorescences cotonneuses. Elle est « en danger » d’après la Liste rouge régionale et est protégée en Centre-Val de Loire.
La Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), appelée aussi Bruyère des marais, est un sous-arbrisseau souvent présent dans les lieux tourbeux où il forme des landes basses en association avec la Callune (Calluna vulgaris).
Les tourbières alcalines sont occupées majoritairement par de petites Laîches (Carex spp.) et des Scirpes. Le Choin noirâtre (Schoenus nigricans) peut coloniser ces bas-marais, formant des touradons entre lesquels se développe le cortège d'espèces herbacées comme la Marisque (Cladium mariscus). On peut y rencontrer de nombreuses orchidées telles que l’Epipactis des marais (Epipactis palustris) ou l’Orchis des marais (Anacamptis laxiflora subsp. palustris) mais aussi la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe).
Cet habitat floristique est aujourd’hui parmi les plus menacés du fait du développement de certaines activités humaines, et ce malgré son immense valeur patrimoniale et fonctionnelle.
Comme pour la flore, les tourbières sont des milieux exigeants pour la faune, en raison des conditions de vie difficiles qui y règnent.
La faune vertébrée notamment, y est peu diversifiée. En dehors de quelques espèces pour lesquels ces milieux constituent des espaces de passage ou de repos (comme le Putois), on y retrouve des espèces adaptées à des conditions froides et humides. C’est ainsi le cas du Lézard vivipare (Zootoca vivipara), connu notamment sur la tourbière des Froux en Eure-et-Loir, et de la Vipère péliade (Vipera berus). Le caractère vivipare de ces deux espèces, contrairement à la majeure partie des autres reptiles, permet notamment un développement des œufs dans des conditions de température optimales.
Dans les tourbières et milieux tourbeux et paratourbeux associés (marais, étangs, landes humides…), la faune invertébrée est en revanche plus diversifiée.
Ainsi de nombreuses espèces d’araignées fréquentent ces habitats, la plus emblématique étant la Dolomède (Dolomedes plantarius), qui chasse à la surface de l’eau.
On peut également citer de nombreuses libellules, dont la Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) ou le Sympétrum noir (Sympetrum danae), qui se reproduisent dans les étangs et mares tourbeuses, en contexte forestier. Si la première se maintient tant bien que mal dans ses bastions de l’Orléanais forestier, de la Sologne, de la Brenne et du bassin de Savigné, la seconde est considérée comme au bord de l’extinction en région.
Du côté des papillons, la Gentiane pneumonanthe, évoquée plus haut, constitue la plante hôte de l’Azuré des mouillères (Phengaris alcon alcon), dont les dernières populations régionales se maintiennent sur des secteurs de queues d’étangs et de landes humides.
Enfin, ces milieux accueillent de nombreux orthoptères comme le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) ou le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), ou encore la punaise Coranus woodroffei, rare et méconnue, que l’on peut observer en région uniquement à la tourbière de la Guette.
Les tourbières ont longtemps été considérées comme des zones insalubres, dangereuses du fait des sols non portants, voir lieux vecteurs de maladies. Il fallait alors les assécher pour exploiter la tourbe mais aussi pouvoir cultiver les sols.
Aujourd’hui il en va différemment car ces milieux, en plus de regorger d’espèces animales et végétales rares, jouent un rôle essentiel en nous procurant de nombreux services dits écosystémiques.
Les services écosystémiques se définissent comme les biens et services que les hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être.
Les tourbières jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau.
Grace à la grande capacité d’absorption des sphaignes, les tourbières sont de vraies éponges. Elles se gorgent d’eau notamment en fin d’été quand les nappes superficielles sont basses, et peuvent ainsi limiter les risques de crues et d’inondation lors d’épisodes de fortes pluies. La présence d’une végétation spécifique va également ralentir l’écoulement des précipitations, atténuant les crues les plus fortes par désynchronisation des flux d’eau.
Le rôle des tourbières et des zones humides en contextes alluviaux dans l’écrêtement des crues est très clair et incontesté.
L’ensemble des zones humides a une capacité à améliorer la qualité de l’eau.
Les tourbières sont connues pour leur capacité de dénitrification (transforme le nitrate en di-azote), les sphaignes agissant comme des puits pour l’azote atmosphérique notamment. Ces milieux épurent également certains métaux tels que fer, plomb, zinc, mercure… ainsi que certains éléments radioactifs comme l’uranium ou le thorium.
Mais ces milieux sont très fragiles et des apports trop importants peuvent conduire à la dégradation du milieu lui-même. Les tourbières dégradées ne sont alors plus en mesure d’assurer ce service d’épuration et peuvent devenir des sources importantes de polluants en relarguant ce qu’elles ont accumulés et stockés au cours du temps.
Les tourbières ont été identifiées par la Convention de Ramsar comme étant le type de zone humide le plus important en tant que support de biodiversité.
En Centre-Val de Loire, il existe des enjeux forts pour la conservation d’un certain nombre d’espèces animales ou végétales liées à ces milieux, elles sont donc souvent protégées.
Malgré cela, les tourbières demeurent le type de zone humide dont l’état de conservation est le plus altéré. À l’échelle du réseau européen Natura 2000, 75 % des surfaces d’habitats tourbeux sont dans un état de conservation défavorable (inadéquat et mauvais) (source : Commission européenne, 2015)
Les tourbières en bon état sont à la fois d’importants stocks de carbone et des écosystèmes capables d’absorber du carbone.
Les tourbières constituent l’écosystème terrestre le plus efficace pour le stockage de carbone à long terme. À l’échelle de la France les stocks de carbone en tourbière sont estimés à 137 Mt en 2008.
Mais les tourbières drainées émettent du CO2 jusqu’à ce que l’ensemble de la tourbe soit minéralisée, ce qui peut durer plusieurs centaines d’années.
Dans un contexte de changement climatique global, la protection des tourbières intactes et la restauration des tourbières dégradées peuvent être justifiées du simple point de vue de leur impact sur le climat.
L’exploitation de la tourbe, pour l’horticulture et le combustible, a été largement répandue en France mais n’existe plus actuellement. En région, les dernières traces d’extraction remontent à la seconde guerre mondiale, lorsque le combustible manquait.
L'offre des terreaux sans tourbe en France reste assez restreinte mais aujourd'hui des alternatives existent pour ne plus utiliser de tourbe au jardin.
Les tourbières sont d’excellents milieux conservateurs car la matière organique s’y décompose très lentement. Il est ainsi possible de retrouver dans les tourbières des pollens anciens, voir des témoignages de vies passées comme des barques, filets de pêche et même des corps momifiés ("l’homme de Tollund", découvert dans une tourbière danoise, a plus de 2 000 ans).
Les paysages de tourbières, si particuliers, éveillent la curiosité. Ce sont des lieux très favorables à la découverte de la nature lorsqu’ils sont dotés d’équipements permettant un accès sécurisé : sentiers d’interprétations, visites guidées… Mais certains de ces milieux, pour les préserver, sont non accessible au public car extrêmement fragiles et sensibles face aux activités humaines.
de carbone stocké dans les tourbières que dans les forêts (à surface égale)
Une publication du Pôle-relais tourbières s’intéresse spécialement aux services rendus par les tourbières en France. Ce panorama tente de dresser un état des lieux des connaissances et des études réalisées sur les sites tourbeux français afin d’offrir aux gestionnaires et à tous ceux qui promeuvent la protection des tourbières, des exemples transposables à leurs contextes.
Le drainage (et donc l’assèchement) à des fins agricoles ou forestières, la création de plans d’eau artificiels, la plantation de résineux ou de peupliers, le remblaiement ou encore l’urbanisation sont les principales menaces d'origine humaine envers les tourbières. Les modifications des conditions hydrologiques sur ou à proximité des sites impactent aussi notablement l’activité naturelle des tourbières, de même que l’abandon des activités agricoles traditionnelles (fauche, pâturage).
À cela peut s’ajouter les pollutions atmosphériques ou des eaux, les incendies ou la sur-fréquentation.
L’embroussaillement et la fermeture du milieu (développement des saules et des bouleaux par exemple) sont les menaces naturelles auxquelles s’adjoignent aujourd’hui les effets du changement climatique.
des tourbières de France ont disparu depuis 60ans
de tourbières restantes en France
Le réchauffement climatique inquiète les spécialistes des tourbières. En effet, si les températures et la pluviométrie changent, les énormes stocks de matière organique qui s'accumulent dans les tourbières pourraient se dégrader en libérant massivement du dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre. La quantité de carbone dans l'atmosphère serait alors doublée.
Leur préservation par un maintien en eau et un bon état écologique est un enjeu majeur.
La préservation des zones humides, dont les tourbières, ne se résume pas qu’au stockage, à la préservation de la ressource en eau et à la protection contre les inondations.
L’Agence européenne pour l’environnement souligne l’urgence à préserver et restaurer les milieux humides car ils jouent un rôle clé dans la préservation de la biodiversité et dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Ils permettent à la fois une protection contre les risques naturels tout en participant à l’amélioration de la santé, de la sécurité alimentaire, de l’approvisionnement en eau, ou encore le développement socio‑économique.
Aussi, passons à l’action !
La première étape pour agir en faveur des tourbières est de réaliser un inventaire des zones humides (et de leurs fonctions), en croisant des données (cartographies anciennes, carte géologique, données infrarouge…), des pré-localisations et des inventaires de terrain notamment pédologique pour identifier et caractériser les sols tourbeux des sites humides.
Dans le cas des tourbières, les conditions hydrologiques à proximité étant fondamentales au bon état de fonctionnement, la caractérisation de la zone contributive ainsi que l’identification des fonctions vis-à-vis du territoire doit être explicité.
Pour viser la non-dégradation des milieux humides, au travers le Plan Local d’Urbanisme (PLU, et PLUi quand il est intercommunal) il est alors possible de fixer des objectifs ambitieux de préservation des zones humides et des secteurs tourbeux en particulier. Un zonage adapté peut alors être mis en place : au titre de l’article L.151-23 du code de l’urbanisme comme élément de paysage, ou comme un secteur avec une réglementation spécifique pour les protéger et les valoriser (Nzh).
Pour en savoir +, retrouvez le dossier "Intégrer les zones humides dans les PLUi" du Cerema.
Les sites de tourbières peuvent aussi faire l’objet d’une protection réglementaire (Réserve naturelle régionale, Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) , Arrêté Préfectoral de Protection des Habitats Naturels (APHN) …) ou d’acquisition conservatoire par les collectivités.
La remise en eau est un des points clef de la restauration des tourbières. La fermeture systématique des réseaux de drainage permet, dans de nombreux cas, la réhumidification des sols alentours. Pour des tourbières fortement dégradées des travaux de plus grande ampleur peuvent être nécessaires.
Un programme expérimental « Tourbières du Jura » donne de nombreux retours d’actions de restauration de tourbières, applicables à notre région.
La réouverture du milieu, par abattage des ligneux et/ou débrousssaillage, permet de favoriser la végétation herbacée en favorisant les différents stades de successions végétales. Il peut être complété par un décapage partiel de la couche superficielle du sol pour remettre à jour les horizons tourbeux favorables.
Un programme expérimental « Tourbières du Jura » donne de nombreux retours d’actions de restauration de tourbières, applicables à notre région.
Selon les sites, il peut être mis en place de la fauche ou du pâturage extensif, pour conserver les milieux ouverts fonctionnels.
Afin de garantir la pérennité de ces espaces, des acquisitions foncières conservatoires ou des conventions de gestion peuvent être passées avec des organismes et associations spécialisées comme par exemple le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire.
Le site peut, dans certains cas et en fonction de sa sensibilité, être équipé pour une ouverture au public.
Les entreprises et acteurs publics sont de plus en plus nombreux à engager des démarches d'évaluation et des plans de réduction de leurs émissions de gaz à effets de serre (GES), incluant le CO2, au titre de leur responsabilité sociétale et environnementale (RSE) ou dans le cadre du dispositif « service public écoresponsable ».
Des citoyen·ne·s peuvent aussi contribuer volontairement à des projets de protection/restauration concrets.
La réduction des émissions de GES reste la priorité, mais la mise en place de solutions de compensation volontaire via la préservation et la restauration d’espaces naturels « puits de carbone » peut être une démarche complémentaire vertueuse.
Toutes les infos sur la compensation carbone peuvent être retrouvées dans cet article de la Fédération des Conservatoires d'espaces naturels.
Tourbière des Landes (18) ©M. Durieux - Cen Centre-Val de Loire
Animatrice territoriale sur les Solutions d'adaptation fondées sur la Nature
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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Les zones humides, espaces de transition entre la terre et l’eau, jouent un rôle essentiel pour préserver cette ressource rare et précieuse.
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Biodiversité et climat, même combat ! Leurs crises sont liées, s'accentuent mutuellement et ont la même origine : les activités humaines. Les solutions se rejoignent également. Pour réduire les effets des changements climatiques, il faut s'appuyer...
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Une Association qui agit sur le foncier pour la biodiversité Le Conservatoire d'espaces naturels de Loir-et-Cher (Cen 41) agit dans un but d’intérêt général : la conservation du patrimoine naturel et de la biodiversité du département de Loir-et-Cher.
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