Marie-Claire Laborey Imbert, naturaliste amateur, habitante d’Eure-et-Loir, nous raconte son vécu lors d’une sortie de découverte botanique avec le Conservatoire botanique national du Bassin parisien.
Je me suis rendue à la sortie botanique du 18 Septembre 2021 en solo, après inscription au préalable auprès de Rémi Dupré du Conservatoire botanique national du Bassin parisien. Elle s’est tenue dans le Perche, à la Ferté Vidame sur le site de la forêt humide des Mousseuses (espace naturel protégé). Ce site humide boisé, s’étendant sur une dizaine d’hectares, est préservé, car il est le lieu de vie de nombreuses espèces végétales et animales. On peut y découvrir plusieurs espèces floristiques remarquables dont certaines sont protégées.
Ayant déjà participé à plusieurs sorties botaniques avec l’équipe de l’Observatoire régional de la biodiversité, j’ai reçu un courriel de Rémi Dupré, botaniste du Conservatoire et animateur du pôle Flore et habitats de l’Observatoire, qui m’en informait.
Cela me permet de voir de près sur le terrain des plantes dont j’ai entendu parler ou que j’ai découvertes dans les livres de botanique. C’est un privilège de pouvoir prospecter sur le terrain avec des botanistes avertis tel que Rémi Dupré et aussi parfois Pierre Boudier qui, à lui tout seul, est une véritable encyclopédie botanique ambulante ! Les naturalistes amateurs ont tendance à employer les noms vernaculaires des plantes. Or, en employant le nom scientifique latin pour déterminer telle ou telle plante, les botanistes savent alors tous de quoi ils parlent.
Sur le terrain, lors d’une sortie accompagnée, nous devons nous forcer à acquérir une certaine discipline en botanique et surtout comprendre la rigueur à adopter en mémorisant le nom latin. Les botanistes répondent à toutes les questions et restent humbles : s’ils ont un doute sur une identification, ils le disent franchement. Une observation ultérieure au microscope d’échantillons prélevés leur apportera la bonne réponse, qu’ils nous transmettent ensuite.
Les botanistes répondent à toutes les questions et restent humbles : s’ils ont un doute sur une identification, ils le disent franchement.
J’avais plusieurs attentes :
Tout cela nous donne l’illusion de nous retrouver au cœur d’une forêt primitive… Et une fois rentrée chez soi, l’envie d’essayer d’approfondir le sujet (livres, documentations naturalistes, sites internet) pour un enrichissement personnel est très fort.
[...] une sphaigne est composée d'une tige dont la structure permet le transport de l'eau par capillarité jusqu'au capitule formé d’une agglomération de rameaux recouverts de feuilles.
Entre autres, pas mal de chose sur les sphaignes ! D’abord leur structure : une sphaigne est composée d'une tige dont la structure permet le transport de l'eau par capillarité jusqu'au capitule formé d’une agglomération de rameaux recouverts de feuilles. C’est pourquoi une tige complètement desséchée, une fois trempée dans de l’eau, nous montre sa capacité rapide d’absorption : c’est surprenant de voir le reverdissement presque immédiat du capitule !
Ensuite, j’ai appris à mieux différencier les sphaignes en observant la forme de leurs feuilles et la couleur des capitules à la loupe. Enfin, on m’a révélé la cause du blanchissement de sphaignes à certains endroits : Tephrocybe sphagni, un petit champignon parasite.
J'ai pu aussi mettre un nom sur une mousse déjà observée sur le tronc des résineux morts et apprendre que c’était Nowellia curvifolia, une belle et discrète petite hépatique.
Pour finir, j’ai découvert l’existence d’une plante carnivore flottante, espèce du genre Utriculaire, dont les outres pièges munies d’un clapet sont sous l’eau.
Ce n’était pas nécessaire car la nature tient une place spéciale dans ma vie. J’ai toujours été passionnée depuis ma plus tendre enfance par les trésors floristiques et faunistiques qu'elle recèle. Très intéressée par la botanique, surtout par la flore sauvage et les plantes médicinales et comestibles, j’ai une bibliothèque qui s’est bien remplie au fil des ans. Le monde des bryophytes, des lichens et des fougères est passionnant et si mystérieux… J’ai toujours été fascinée par ces espèces qui sont des plantes primitives et je serai toujours aussi émerveillée d’aller à la rencontre de la biodiversité sur le terrain ou de faire de nouvelles découvertes.
Le monde des bryophytes, des lichens et des fougères est passionnant et si mystérieux…
[...] je ne l’avais jamais vue flottante dans son milieu naturel, ni observé de près ses 2 types de feuilles et ses outres pièges.
Le moment le plus marquant fut surtout la découverte pour la première fois de l’utriculaire que je ne connaissais pas. J’avais déjà vu la photo de ses fleurs d‘un beau jaune dans un livre de botanique sur les plantes de zones humides, mais je ne l’avais jamais vue flottante dans son milieu naturel, ni observé de près ses 2 types de feuilles et ses outres pièges.
Je lui dirais que dans la région Centre Val de Loire, nous avons un large patrimoine de plantes sauvages indigènes et surtout la chance d’avoir des sites naturels protégés et accessibles à tous. Je lui conseillerais de se renseigner et de s’inscrire afin de participer à des sorties en compagnie de botanistes chevronnés ; qu’il apprendrait beaucoup sur le terrain, sérieusement et dans la bonne humeur !
Je lui promettrais qu’il aura le plaisir et le privilège de découvrir certains de ces sites emblématiques qui abritent des plantes rares ou protégées telles que la Gentiane pneumonanthe, le Piment Royal, des Droséras (Drosera rotundifolia et Drosera intermedia) en Sologne ; l’Osmonde Royale, la Grassette du Portugal, la Bruyère à 4 angles ou la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium) en Eure et Loir… Que de trésors insoupçonnés !
Que de trésors insoupçonnés !
Acteur
Connaissance, recherche, partage et préservation sont les maîtres mots de notre grande institution.
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Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien est un service scientifique du Muséum National d'Histoire Naturelle.