Dans le cadre du Congrès mondial de la nature organisé par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les actions de nos membres sont à l'honneur ! L'ARB vous propose une série d'articles pendant le temps du Congrès à la rencontre de ce que font les membres de l'Agence. Aujourd'hui, découvrez l'action de la Fédération des Chasseurs du Cher.
La Fédération des Chasseurs du Cher est gestionnaire de l’Espace Naturel Sensible (ENS) du Territoire des Places, à Morogues, en lien avec le Conseil Départemental du Cher.
La Fédération réalise les actions inscrites au plan de gestion 2020-2029, avec une évaluation à mi-parcours en 2024.
Cet ENS couvre une surface de 108 hectares composée de boisements (58 hectares), de prairies humides naturelles et de cultures (40 hectares), d’un étang (4 hectares), de landes… Ce site a donc des intérêts paysager, pédagogique et bien entendu écologique, avec des habitats menacés tels que les prairies à molinie ou bien encore les landes humides à bruyères à quatre angles. De nombreuses espèces faunistiques et floristiques remarquables sont inféodées à ses milieux humides. Une gestion de ses habitats en faveur des espèces est mise en place et inscrite au plan de gestion.
L’objectif étant de conserver la diversité biologique globale dont celle des amphibiens sur le territoire, la Fédération agit en ce sens.
L’ENS du Territoire des Places accueille 9 espèces d’amphibiens dont un certain nombre d’entre elles sont considérées comme patrimoniales, comme le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) ou bien le Triton crêté (Triturus cristatus). Ces espèces présentent un cycle vital « typique » avec des œufs pondus dans l’eau. Chaque espèce a un mode de vie varié, certaines sont très aquatiques et vont pondre dans des plans d’eau assez profonds. D’autres espèces recherchent des eaux stagnantes de faible profondeur. Sur place se trouvent déjà des mares et un étang mais il n’y a que très peu d’eaux stagnantes de faible profondeur et c’est là que la Fédération intervient.
Tout d’abord, le Sonneur à ventre jaune est strictement protégé. Cette espèce figure également sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature au niveau français Vulnérable (VU).
Le Sonneur à ventre jaune est actif de jour comme de nuit. Pendant la période de reproduction, on le trouvera généralement à proximité des sites de reproduction. L’espèce est relativement discrète en raison de son mimétisme et de son chant sourd, peu audible. Cependant, elle est assez facile à détecter sur ses sites de reproduction. En début de printemps, le Sonneur quitte son site d’hivernage pour rejoindre les points d’eau où il se reproduira. C’est à ce moment-là qu’il est le plus aisément observable : flottant nonchalamment dans sa flaque, les pattes écartées, les yeux et les narines dépassant de la surface, tel un hippopotame miniature. Les femelles arrivent quelques semaines après les mâles. La femelle dépose les œufs seuls ou en petites grappes sur des supports aquatiques proches de la surface (racine, brindille, végétation aquatique…). Les pontes sont fractionnées dans l’espace, mais aussi dans le temps (il peut y avoir plusieurs pontes dans la même année, en fonction des précipitations).
Les têtards éclosent rapidement (une semaine environ) et subissent une forte mortalité (assèchement des points d’eau). Très peu de juvéniles atteignent la maturité sexuelle (aux alentours de 3-4 ans), mais une fois adulte la longévité est importante pour un amphibien : en effet, un Sonneur peut vivre une dizaine d’années.
L’étendue du domaine vital est largement dépendante des caractéristiques paysagères et de la disponibilité en sites de reproduction pendant la phase de reproduction. En général, on considère qu’une population donnée est limitée au massif forestier occupé. Son alimentation principale est constituée d’insectes.
Des menaces pèsent sur cette espèce : fragmentation des habitats, destruction de zones humides, population en limite d’aire de répartition, isolation des populations, évolution des milieux.
Il est important d’aménager des espaces propices pour la reproduction des amphibiens dans des terrains non stabilisés, dans des milieux prairiaux, bocagers ou bien encore en lisière de forêts.
Par exemple, la création et l’amélioration de nouvelles ornières pour la reproduction du Sonneur à ventre jaune se réalisent d’octobre à mars. Cela consiste à passer dans les chemins avec un engin assez conséquent pour créer ou maintenir des ornières creusées par le passage des roues. Le reste de l’année, le passage sur ces ornières est interdit. Ces dernières seront donc ennoyées en hiver et au printemps, et pourront servir également pour la reproduction d’autres espèces d’amphibiens. Ces travaux sont réalisés souvent entre un point d’eau type mare et une forêt où nous savons que le Sonneur à ventre jaune hiberne. De ce fait, lors de son trajet vers une zone humide pour sa reproduction, il est attiré par ces ornières qui donnent une eau stagnante, peu profonde et relativement chaude au printemps, un habitat qu’il apprécie fortement pour se reproduire.
Une fois toutes les ornières maintenues, il est important de venir apporter de la lumière, pour y amener de la chaleur, pour que les pontes soient dans de bonnes conditions écologiques. Nous effectuons alors un élagage des arbres pouvant ombrager le site de reproduction.
Venez découvrir l'ENS de Morogues (18) grâce à cette vidéo qui pourra vous donner un avant-goût de ce territoire et de la richesse qu’il a à vous offrir.
L'Espace Naturel Sensible du Territoire des places © FDC18