"À l'heure de la biodiv' !" aborde une fois par mois un sujet pour comprendre et agir en faveur de la biodiversité, en laissant la place aux échanges. Pour ce second webinaire du cycle thématique sur le parcours de l'eau, nous avons abordé la problématique du ruissellement en milieu rural et comment le contrer pour éviter l'érosion des terres agricoles, les coulées de boues et les inondations.
L'eau dans nos territoires apporte son lot de défis pour assurer une quantité et une qualité nécessaire aux usages humains et aux besoins de nos écosystèmes. De plus, la nécessaire adaptation aux changements climatiques nous encourage à repenser nos actions tout au long de son parcours et à imaginer des solutions pour prévenir les sécheresses, les risques de coulées de boues ou d'inondations.
Heureusement, la nature nous inspire un grand nombre de solutions réalistes, multifonctionnelles, adaptées aux enjeux de nos sociétés.
Chaque mois un webinaire d'une heure :
Tous les replays des webinaires seront accessibles sur les pages du portail, avec un résumé des échanges et des ressources en lien avec la thématique.
Pour poursuivre le parcours d'une goutte d'eau, notre second webinaire a eu pour objectif de montrer comment s'appuyer sur la nature pour limiter le ruissellement, notamment en milieu rural. Nos territoires sont en effet exposés aux changements climatiques qui vont accentuer les sécheresses, l'érosion des sols, les coulées de boues et les inondations. Il est possible de s'y adapter en multipliant les bonnes pratiques et les petits aménagements, pour favoriser l'infiltration et de ralentir les écoulements.
Mardi 25 mars de 11h à 12h
Collectivités / secteur public
Acteurs de l'aménagement
Entreprises
En ligne via Teams
Animation : Alan Méheust (Animateur territorial, ARB Centre-Val de Loire)
Vous trouverez ici les ressources de ce second webinaire du parcours de l'eau : le replay mais aussi les informations complémentaires à retenir, qui répondent aux questions posées par les participant·es.
Pour aller plus loin sur la végétalisation, la rubrique "Vous aimerez aussi" vous propose plus de ressources sur les pages du Portail de la biodiversité !
En Centre-Val de Loire, les phénomènes d’érosion des sols et de ruissellement constituent un enjeu croissant pour toute la région. La structure même des sols combinée à des pratiques agricoles et à des événements climatiques plus fréquents et plus intense, notamment les fortes pluies, favorise l’apparition de ravinements, de coulées de boues et de pertes de fertilité. Ces phénomènes ont des conséquences directes sur la qualité de l’eau, la biodiversité et les infrastructures locales. Des territoires déjà sensibles vont même subir fortement l'augmentation des risques associés au changements climatiques, comme le Sancerrois, le Pays-fort, le Puisaye, le Perche et le sud de la Touraine.
Pour en savoir plus sur les risques et les solutions pour limiter l’érosion des sols et les coulées de boues rendez-vous sur la page du Portail de la biodiversité.
Les mesures naturelles de rétention d'eau (MNRE) sont des techniques pour ralentir et gérer les excédents d’eau de manière naturelle, tout en améliorant la biodiversité et la qualité des sols. Ces méthodes cherchent à imiter les processus naturels pour favoriser l’infiltration de l’eau, limiter l’érosion et prévenir les risques de crue. Retrouvez un panel de retours d'expérience de ces pratiques et voici un aperçu de certaines de celles présentées lors du webinaire :
Tournière (ou tournailles) enherbée : Cette technique consiste à enherber les espace réservé en bordure d'une terre cultivée pour pouvoir tourner avec le matériel agricole, afin de favoriser l'infiltration et limiter l'érosion. Lorsqu'une tournière est enherbée sur une largeur supérieure à 3 mètres, elle peut piéger 70 à 99% des particules du ruissellement L’infiltration est optimale lorsque le sol est suffisamment perméable, mais elle peut être réduite si le sol est compacté par le passage d'engins.
Talweg enherbée: Les talwegs sont des zones naturelles de drainage situées en bas de pente. Lorsqu’ils sont enherbés, ces chenaux agissent comme des canaux végétalisés qui ralentissent l’écoulement de l’eau, tout en facilitant son infiltration. Ces chenaux sont capables de supporter des vitesses d'écoulement allant de 1 à 2 m/s, et ont l’avantage d’éviter 100% du ravinement, c’est-à-dire l’érosion des sols causée par les écoulements d’eau rapides.
Fascine sur le chemin des écoulements : Une fascine est un enchevêtrement de branches ou de végétaux placés stratégiquement le long des chemins d'écoulement de l'eau. Elle permet de ralentir l'écoulement de l’eau et de prévenir l’érosion, en réduisant les transferts de matières en suspension (MES), principalement par sédimentation.
Haies sur le chemin des écoulements : Les haies, souvent combinées avec d’autres techniques, servent à ralentir les vitesses d'écoulement de l'eau en la dirigeant et en la filtrant. En créant une résistance naturelle au passage de l’eau, elles permettent de réduire les débits et d'améliorer l'infiltration. Leur efficacité peut atteindre un ralentissement significatif (facteur de 2 à 5), en fonction de leur densité et de leur taille. Plantées avec des essences locales c'est encore mieux !
Fascine + Haie : La combinaison d'une haie dense et de fascines offre un champ d’action plus large et permet de mieux gérer une gamme de débits plus importante. À terme, une haie très dense pourrait même remplacer la fascine, tout en offrant un impact durable sur la gestion de l’eau. Un programme de recherche engagé par AREAS a par exemple permis de démontrer l’efficacité de méthodes intermédiaires et combinées, comme les haies enherbées.
Talus et fossé-talus de ceinturage : Les talus et fossés plantés ou à redents, tout autour d’un terrain permettent de ralentir et dévier l’écoulement de l’eau excédentaire. Ces aménagements favorisent également la sédimentation des particules en suspension, ce qui aide à stabiliser le sol et à prévenir l’érosion.
Mare tampon et zone humide artificielle : Ces aménagements consistent à créer des milieux humides artificielles pour stocker temporairement l’eau excédentaire en période de crue. Elles agissent comme des réservoirs d’eau, réduisant ainsi la pression sur les systèmes de drainage urbains et régulant les débits en aval. Ces zones permettent aussi de filtrer l’eau et de favoriser la biodiversité aquatique.
Pour contrer le ruissellement, les opportunités d’action ne se décrètent pas : elles se construisent dans le temps, à partir du terrain et des relations humaines.
Une dynamique territoriale efficace repose sur quelques fondations essentielles :
une échelle de travail adaptée, réaliste et mobilisatrice pour les acteurs locaux ;
une lecture fine du territoire : sols, pentes, flux d’eau, mais aussi rapports humains, dynamiques agricoles, contexte politique local ;
une posture d’écoute et de dialogue, pour cerner les marges de manœuvre avant avant de proposer des aménagements ;
Des sites pilotes simples, visibles et pédagogiques, qui permettent de donner confiance et d’ouvrir la voie ;
Et surtout, un accompagnement dans la durée, rythmé par des temps d’échange, de visite et de valorisation des initiatives ;
C’est souvent la qualité de l’animation territoriale, sa régularité, sa souplesse, sa capacité à faire lien, qui rend possible le passage à l’action. Agir contre le ruissellement ne commence pas par les ouvrages, mais par la relation, la confiance, et la connaissance partagée du territoire.
Un retour d'expérience complet sera prochainement disponible sur la démarche et les actions du Syndicat Val de Vienne sur le bassin de la Manse.
Bassin tampon du bassin de la Manse © ARB Centre-Val de Loire
Dossier thématique
Biodiversité et agriculture sont interdépendantes depuis des milliers d’années. Alors que l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité, les modes de production agricole des cinquante dernières années ont dégradé l’état de la...
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La nature peut apporter des solutions pour lutter contre l'érosion des sols.