Camille Derenne, animatrice nature à Perche Nature.
Petite, je passais énormément de temps dehors, habitant dans la campagne bocagère sarthoise. Mes parents ont été les premiers à me faire découvrir la nature. Mon père me mettait crapauds, couleuvres à collier et lézards dans les mains. Nous sauvions les oisillons qui venaient se cogner aux vitres. Ma mère m’apprenait le nom des oiseaux, des étoiles et des constellations.
Mon envie de connaître la nature est donc née bien tôt, et mon goût de transmettre est arrivé plus tard, vers l’âge de 18 ans quand il a fallu choisir une voie professionnelle après le bac. C’est assez naturellement que je me suis orientée vers un BPJEPS Loisirs Tous Publics (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport). Mon parcours dans le métier de l’animation a donc commencé avec mes premières expériences d’animatrice dans des centres socio-culturels.
C’est à travers ces expériences de vie et de voyages que s’est consolidé mon goût de transmettre.
J’ai ensuite eu la chance de pouvoir faire un Service Volontaire Européen de 5 mois en Italie dans un centre d’éducation à l’environnement dans lequel je suis finalement restée 1 an et demi. J’y ai découvert l’animation nature et l’éducation au développement durable, car ce centre recevait des écoles en classe verte. C’est donc là-bas qu’est née mon envie d’axer mon métier d’éducation populaire un peu plus vers l’animation nature. Je suis donc rentrée pour suivre un BTS Gestion et Protection de la Nature à Saint-Aubin-du-Cormier (35) en apprentissage à la Maison Botanique de Boursay (41). Suite à ce BTS, j’ai eu l’opportunité de partir quelques mois via le dispositif d’Erasmus + à l’est de la Pologne, dans la forêt de Białowieża, pour participer à une étude sur les populations de chiroptères au sein de cette magnifique forêt primaire où se côtoient bisons, loups, lynx, et êtres humains. De retour de Pologne, j’ai intégré l’équipe de Perche Nature en tant qu’éducatrice à l’environnement. C’est à travers ces expériences de vie et de voyages que s’est consolidé mon goût de transmettre.
Ce qui importe pour moi est de créer un lien entre le public et la nature. Je fais donc en sorte, à travers les activités que je propose, et les différentes démarches pédagogiques, que chacun puisse s’épanouir et prendre plaisir à se retrouver dans la nature. J’essaie de varier les approches pédagogiques lors d’une même séance d’animation pour que chacun puisse s’y retrouver : certains sont plus sensibles à la découverte sensorielle, d’autres ont besoin d’explorer via l’approche scientifique et naturaliste, d’autres encore vont préférer le jeu…
Ce que je souhaite transmettre ? Avant tout l’amour pour la nature, l’envie de la découvrir, montrer sa beauté, sa simplicité et sa complexité, sa magie… Passer du temps à chercher et observer les petites bêtes de la litière en forêt, à écouter et observer les oiseaux, à découvrir la diversité de la vie à deux pas de l’école. C’est en emmenant les enfants dehors, au contact direct de la nature, que se crée un lien fort, qui fait qu’ils auront envie de la protéger.
Tout dépend du public, j’anime beaucoup de projets avec un public scolaire, de la maternelle au collège, voire au lycée, mais j’anime également des sorties à destination du grand public, des familles, d’un public spécialisé.
Lors d’animation grand public, les adultes sont souvent demandeurs de connaissances naturalistes, de pouvoir mettre un nom sur une plante ou un oiseau. Parfois, c’est simplement pour passer du temps en famille et découvrir un milieu naturel proche de chez eux. Les enfants, eux, sont, d’après mes observations, davantage dans le besoin de contact avec la nature, ils ont besoin de manipuler la matière, d’expérimenter par eux-mêmes pour mieux comprendre.
Les enfants gardent je pense un très bon souvenir de ce temps passé dehors. Cela se perçoit en fin d’animation lorsque l’on fait un petit bilan de la séance, ou lorsque l’enseignant m’en fait un retour une fois l’animation passée, ou bien si je revois la classe lors d’une nouvelle séance et que l’on fait un point sur la séance précédente. Ils évoquent les souvenirs qui les ont marqués, pour certains cela les sort de leur quotidien, car tous n’ont pas la possibilité de pouvoir passer beaucoup de temps dans la nature. Mon métier prend tout son sens quand j’emmène une classe dans laquelle certains enfants me disent, des étoiles dans les yeux, que c’est la première fois qu’ils sortent autour d’un étang ou bien qu’ils se promènent en forêt.
Lors d’une animation, entre le début et la fin de la séance, je m’aperçois forcément de changements de comportements dans l’attitude que le public adopte face à la nature. Parfois impatients de découvrir au début, les enfants ne sont pas toujours très patients, mais ils apprennent à adopter une attitude naturaliste pour pouvoir observer des animaux par exemple. Ils se rendent compte assez rapidement qu’il faut du temps, du calme, et parfois un peu de chance pour s’émerveiller de ce que la nature veut bien nous offrir.
Sur le long terme, ce n’est pas chose facile de se rendre compte des changements de comportements du public. D’une part car je ne revois pas forcément les publics après une animation, sauf dans le cadre de projets où j’interviens plusieurs fois dans l’année auprès d’une classe. Et d’autre part car, dans le cadre de projets dans les écoles, même si parfois certains enfants nous racontent ce qu’ils font dans leur quotidien pour la nature, les changements de comportement demandent du temps. Je serai curieuse de revoir ces enfants dans 10 ans et de connaître leur rapport à la nature à ce moment-là. Pour le grand public, la plupart du temps nous rencontrons des personnes déjà sensibles à la protection de la nature. Nous avons encore du travail à faire pour pouvoir toucher des publics « éloignés » à cette question.
J’essaie au maximum de rendre le public acteur, notamment car la plus grosse partie de mes animations se fait avec un public scolaire, et que les enfants ont besoin d’être acteurs pour découvrir. J’essaie de les orienter avec des consignes claires, du matériel pédagogique adapté, et surtout de les laisser découvrir par eux-mêmes.
Les enfants ont besoin d’être acteurs pour découvrir.
J’adapte ma posture d’animatrice : parfois je leur donne des explications sur un élément particulier, je les aide à déterminer telle ou telle espèce en leur montrant comment utiliser une clé de détermination, mais je leur laisse toujours de la place, je ne fais pas à leur place. Je les accompagne s’ils ont besoin d’aide, je fais avec eux. Certains craignent de mettre les mains dans les feuilles mortes à la recherche d’un cloporte ? Je me mets à leur hauteur et je commence à farfouiller la terre à mains nues, cela les met en confiance et généralement ils se lancent.
J’aime toutes les saisons car elles nous apportent chacune leur lot de trésors et d’émerveillements. L’automne, je l’aime déjà grâce à ses couleurs magnifiques, les paysages se parent de couleurs plus chatoyantes les unes que les autres. J’aime aussi l’odeur des sous-bois lors des balades à la recherche de champignons. Mais c’est aussi le retour de la pluie, tellement attendue après les étés secs de ces dernières années. Même si je suis triste de ne plus entendre coucous, loriots et hirondelles, je me réjouis d’apercevoir salamandres, grenouilles et crapauds effectuer leur migration vers leur zone d’hivernage, ou bien d’entendre le brame du cerf en forêt de Bercé.
En forêt, évidemment. Ou bien autour d’un étang, dans lequel reflèteront les magnifiques couleurs des arbres.
Ce qui me touche toujours c'est de voir l'émerveillement dans les yeux des enfants venant de passer ces instants dans la nature.
J'ai tellement de souvenirs magnifiques dans la nature, que ça soit en animation ou seule, la nature nous offre toujours de précieux moments, des souvenirs marquants, des petits trésors, comme j'aime les appeler.
J'ai de magnifiques souvenirs en animation dans le Perche et la vallée du Loir. L'émerveillement est là autant devant le spectacle d'un cerf qui court après deux biches dans une clairière en fin d'été, que lorsque je suis en animation avec des enfants et que l'on tombe nez à nez avec une petite couleuvre vipérine dans un étang, des émergences de libellules au bord d'une mare, ou bien encore lorsqu'on s'assoit en forêt pour écouter le chant des oiseaux et les pics tambouriner au printemps.
Côté échanges humains, je me souviens de certains enfants passionnés sachant déjà reconnaître de nombreux oiseaux, dès la moyenne section de maternelle. J'ai également de forts souvenirs avec des enfants d'écoles de région parisienne venant passer des séjours nature dans le Perche, et pour qui pour la plupart c'est la première sortie en forêt ou autour d'un étang. Ce qui me touche toujours c'est de voir l'émerveillement dans les yeux des enfants venant de passer ces instants dans la nature.
Camille Derenne
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Acteur
Perche Nature est une assocaition agréée de protection de la nature, d'éducation populaire et par l'éducation nationale, et reconnue d'Intérêt général. La destruction gandissante du bocage percheron conduit à la naissance en 1980 d'une assocaition d...
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