L'agriculture biologique assure une production menée sans produit phytosanitaire de synthèse, ni engrais minéraux. Son intérêt pour la biodiversité est grand. Par cet indicateur de suivi, l'Observatoire rend compte des tendances régionales de conversion à l’agriculture biologique et des dynamiques par département.
Pertes d'habitats, chute de 30 % de l'abondance des oiseaux en milieu agricole (suivi STOC), diminution de 37 % des abeilles et 31 % des papillons à l'échelle européenne (Rapport IPBES sur les pollinisateurs, 2016), augmentation des pollutions dans les eaux superficielles et souterraines, érosion des sols... Le constat de perte de biodiversité en milieu agricole est conséquent. Un changement des pratiques agricoles intensives doit s'opérer pour restaurer les milieux dégradés, et retrouver un équilibre entre faune et flore sauvage, et faune et flore cultivées.
L'agriculture biologique (qui apparait déjà dans les années 1920), se développe réellement à compter des années 50 et s'affirme contre l'intensification de l'agriculture et la dépendance aux industries (produits phytosanitaires, engrais de synthèse...). Pour gérer les maladies, la fertilisation, les ravageurs et les herbes indésirables dans les parcelles cultivées (adventices), des solutions alternatives sont appliquées, telles que la rotation des cultures, qui amène plus de diversité végétale dans les paysages, la fertilisation par la matière organique (fumier, compost), le travail mécanique du sol (herse, bineuse), l’utilisation d’auxiliaires de culture (insectes pollinisateurs et prédateurs naturels). Par ces méthodes, l’agriculture biologique permet de réduire les pressions sur la biodiversité (notamment sur les oiseaux nicheurs spécialistes des milieux agricoles) et de préserver la qualité de l’eau.
Depuis 1991, l'agriculture biologique est une agriculture encadrée par un règlement européen qui exclut l'utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides et engrais), d'organismes génétiquement modifiées (OGM) et limite l'utilisation d'intrants (produits non naturellement présents, ajoutés pour améliorer le rendement). Le producteur, le transformateur et même le distributeur s’engagent à travers un cahier des charges rigoureux pour pouvoir bénéficier du label. Des contrôles sont effectués chaque année par un organisme certificateur indépendant. La réglementation est régulièrement mise à jour, un nouveau réglement européen pour l'agriculture biologique s'applique ainsi depuis 2022.
En Europe, la Politique agricole commune (PAC) fixe des objectifs retranscrits dans des plans d'actions nationaux. Ainsi avec la nouvelle PAC 2023-2027, l’Europe annonce un objectif de 25 % des surfaces menées en agriculture biologique d’ici 2030 à l'échelle européenne (près de 10 % de la surface agricole utile (SAU) est en production biologique en Europe en 2021).
En France, le précédent plan Ambition Bio 2022, fixait un objectif de 15 % de la SAU menée en bio, en 2022. Le résultat est de 10,7 % de la SAU menés en agriculture biologique (AB) en 2022 (lui valant la 1ère place européenne en termes de surfaces). Le plan national Ambition bio 2027, prend la relève du précédent, et fixe de nouveaux objectifs pour atteindre 18 % de la SAU menés en AB d'ici 2027.
En France et dans les territoires, les données de suivi du développement de l'agriculture biologique sont fournis par l'Agence bio, qui œuvre pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique.
Ici, chiffres extraits en mai 2024.
des fermes françaises sont engagées en AB
de la SAU française est menée en AB
des produits AB sont importés
L'indicateur de l'Observatoire utilise les données exportées depuis l'Agence bio (en mai 2024).
Aussi, en 2022, en région :
des fermes régionales sont engagées en AB
de la SAU régionale est menée en AB
rang français
Si les surfaces en productions végétales ont augmenté de + 4 % par rapport à l'an dernier, les surfaces en conversion d'un total de 20 823 ha en 2022, baissent de 24 % par rapport à l'an dernier. Le ralentissement de la consommation de produits bio et les prix élevés dans les filières conventionnelles peuvent expliquer cette baisse des conversions, et il est préférable d'attendre les années futures pour en tirer une analyse.
1 992 producteurs sont engagés en productions végétales biologiques en 2022. C'est-à-dire que 1 992 ateliers de productions végétales sont déclarés sous un code SIRET. Un atelier peut être mené par plusieurs personnes physiques et une ferme peut compter plusieurs ateliers (atelier de production végétale et atelier de production animale). Ainsi on comptabilise 2 172 ateliers de productions en AB (animales et végétales confondus), en région.
ateliers de production en AB en région, en 2022
Les départements du Cher, d'Indre-et-Loire ont les surfaces les plus importantes en AB sur la région pour 396 producteurs engagés dans le Cher (soit 9 % des fermes) et 546 en Indre-et-Loire (soit 12 % des fermes du département).
La majeure partie des surfaces menées en AB concerne les céréales, à hauteur de 1/3 de la SAU dédiée à l'agriculture biologique. Additionnées aux surfaces des oléo-protéagineux, des légumes secs et des cultures industrielles, les grandes cultures représentent la plus grande superficie de terres agricoles menées en production biologique. Suivent ensuite les surfaces fourragères (40 %), les vignes (6 %) puis les fruits et légumes (4 %) et les autres productions (4 %).
Grandes cultures = céréales + oléoprotéagineux + légumes secs + cultures industrielles
Surfaces fourragères = surfaces toujours en herbe + cultures fourragères
Fruits et légumes = agrumes + autres fruits + baies + fruits à coques + fruits à noyaux + légumes frais
En Centre-Val de Loire, 51 diagnostics ont été menés par Bio Centre en 2020 et 2021 dans les fermes à production biologique, dans le cadre de l’appel à projet «bio au carré». Il en ressort des caractéristiques partagées par l’ensemble des productions (diversité d’espèces végétales cultivées, longue durée de rotation, emploi de luttes alternatives) et d’autres plus spécifiques, comme par exemple, l’enherbement des sols en viticulture et arboriculture ou l’utilisation de variétés anciennes en maraîchage.
Le point d’amélioration partagé reste la gestion des sols, l’agriculture biologique ayant principalement recours au travail du sol pour lutter contre l’enherbement des parcelles, ce qui a un effet négatif pour une partie de la faune du sol. La diversité des types d’infrastructures écologiques reste également à améliorer tout comme l’agroforesterie, encore peu présente en région.
Cependant, 1/3 des exploitations bio diagnostiquées de la région possède une mare, la moitié ont installé des nichoirs et autres abris, les 2/3 ont conservé au moins un bosquet... Les agriculteurs biologiques sont majoritairement sensibilisés et concernés par la protection de la biodiversité, dont ils sont dépendants (pollinisation, régulation des ravageurs et des maladies).
En 2022, la région Centre-Val de Loire est au 10è rang des régions françaises métropolitaines en termes de surface et de nombre d’exploitations.
L'apparente augmentation des surfaces menées en AB (+13 % par rapport à 2021) masque le recul des surfaces en conversion cette année 2022, de -24 % par rapport à 2021. Cette chute des conversions est nationale, les autres régions relevant aussi un recul allant de -17 % en Occitanie à -39 % de conversion dans le Grand Est.
Ce déclin s'explique en premier lieu par une baisse des achats d'aliments issus de l'agriculture biologique par les français·es. Les ventes ont ainsi chuté de -4,6 % représentant un manque à gagner de 600 millions d'euros pour la filière en 2022 par rapport à 2021. Parmi les produits alimentaires, seul le vin conserve une légère augmentation de ses ventes (+2 %). La viande (- 13 %), les produits de la mer, traiteur et surgelés (-8 %), et les fruits et légumes (-6 %), sont les produits les plus touchés dans les ventes. Pour autant la part de produits importés est de 30,2 %, tous produits confondus (14 % en provenance de l'UE). Si les produits carnés et laitiers sont français, les fruits et légumes ont une part plus importante de produits importés avec 18 % des légumes et 53 % des fruits qui sont importés.
Une augmentation de la valeur des surfaces menées en agriculture biologique, traduit un accroissement des surfaces agricoles engagées dans des démarches plus respectueuses de l’environnement, limitant les impacts sur la biodiversité. Une étude portant sur les externalités de l'agriculture biologique (analysant 800 articles scientifiques), réalisée par l’institut de recherche de l’agriculture biologique en 2024, montre une moyenne de 23 % d’espèces en plus et 32 % d’individus en plus sur les parcelles menées en AB par rapport à des parcelles menées en conventionnel. Les différences sont surtout notables pour les grandes cultures en plaine. La prépondérance de surfaces prairiales en AB a aussi un impact positif, les cheptels ayant accès à une pâture menée de façon extensive. L'agriculture biologique ressort aussi en terme de bénéfice pour la santé humaine et environnementale, avec une moindre contribution au phénomène d'antibiorésistance, une moindre utilisation d'additifs dans les aliments et bien sûr moins de résidus de pesticides et une meilleure résistance aux sécheresses.
*le Groupe de travail de l'Observatoire est composé de la Région, de l'OFB, de la DREAL et des animateurs et animatrice des pôles faune, flore & habitats et gestion des milieux naturels
Culture d'avoine et de lentillon en petite Beauce ©L. Roger-Perrier, ARB
Animatrice de l'Observatoire
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