Scoop, les moules ne vivent pas qu'en pleine mer ! Dans notre région, les mollusques peuplent les étangs et les rivières et parmi eux, l'Anodonte des étangs. Partez sur les traces de cet animal discret des étangs de Centre-Val de Loire. Un portrait proposé par l'Association des Fédérations de Pêche en Centre-Val de Loire.
La Sologne et la Brenne regorgent de ces étranges mollusques relativement gros et qui ressemblent à des moules.
L'Anodonte des étangs, appelée aussi Anodonte des Cygnes (Anodonta cygnea), est une moule de grande taille, pouvant atteindre 20 cm.
Ce bivalve d’eau douce se retrouve dans toute la région et privilégie les étangs où il participe au maintien d’une eau potentiellement limpide, en favorisant son épuration. On parle alors, d’espèce bio-épuratrice. Mais pas seulement, il s’agit également d’un important bio-accumulateur et par conséquent bio-indicateur, qui ne résistera pas longtemps, à une pollution trop importante de l’eau, alors qu’il peut rester plusieurs mois, enterré dans la vase.
litres d'eau filtrée par jour par une anodonte
Source : SEMEA, article sur l'anodonte sur leur site internet
espèces de bivalves en Centre-Val de Loire sur les 56 en France métropolitaine
Vivant dans la vase, cette moule est la plus grosse d’Europe. Encore une espèce qui tend à vivre cachée, mais qui assure un rôle épuratoire exceptionnel, grâce à ses siphons respiratoires. C’est cette filtration de l’eau qui lui permet également, de se nourrir de micro-organismes.
Selon la liste rouge européenne de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l’espèce est quasi-menacée, depuis 2012.
En France, elle est même classée vulnérable (VU), sur la liste rouge des mollusques continentaux, depuis 2021.
En Centre-Val de Loire, sur la liste rouge des Mollusques de 2012, elle est classée préoccupation mineure (LC); la population de l'anodonte des étangs est donc en meilleure état dans notre région qu'ailleurs en France.
Outre le fait que l’Anodonte soit hermaphrodite, elle a besoin d’un hôte pour assurer sa reproduction.
Comme chez de nombreuses autres moules d’eau douce, les œufs -environ 400 000 par an- se développent dans les branchies des poissons, avant de se laisser tomber au fond de l’eau. Un de ces poissons préférés est la bouvière, protégée en raison de la raréfaction des moules, et qui vît dans des eaux stagnantes, à fond vaseux, où les moules sont abondantes.
La relation avec la bouvière va dans les deux sens. Cette dernière a besoin de la moule pour accueillir ses propres larves. On parle alors, de parasitisme réciproque.
Un étang est une étendue d’eau stagnante, de dimension et de profondeur relativement faible. La répartition de la végétation des berges d’un étang s’organise en fonction de la hauteur d’eau, de la nature du sol, du profil des berges, de la qualité de l’eau, et de l’accumulation de matières organiques.
Cette dernière favorise très fortement le grossissement de l’Anodonte des étangs. Son développement n’en sera que meilleur. En plus des anodontes et d’une flore importante, un étang abrite une multitude d’espèces : poissons, crustacés, insectes, etc. Ce sont également, des habitats privilégiés pour de nombreux oiseaux et grands mammifères.
Toutefois, il n’est pas rare de retrouver l’Anodonte des étangs en rivière, souvent à proximité de plans d’eau.
L’Anodonte dispose de plusieurs prédateurs, et il est courant de rencontrer des coquilles cassées, sur la berge de certains plans d’eau. En effet, les ragondins, loutres, rats musqués et oiseaux en font un mets de choix.
Une autre concurrence venant du continent asiatique existe : l’Anodonte chinoise. Cette géante cousine éloignée tend à coloniser les cours d’eau français, depuis quelques années. La faute notamment, à certains aquariophiles, qui, ignorant le danger, n’hésitent pas à relâcher ce mollusque dans les rivières.
Malheureusement, une reproduction très élevée, une adaptation à tous les territoires et une résistance aux pollutions, font de cette moule une anodonte 2.0, qui occupe la place de l’Anodonte des étangs. Les piscicultures sont également sollicitées afin d’assurer un suivi et d’éviter de repeupler certains cours d’eau avec cette espèce envahissante.
Enfin, il ne faut pas oublier les changements climatiques qui n’aideront pas l’espèce en asséchant des plans d’eau, cours d’eau et autres potentielles zones humides, plus souvent et plus longtemps.
Les espèces de mollusques bivalves se ressemblent beaucoup : entre une Anodonte et une Grande Mulette (protégée), il n'est pas facile de faire la différence. Ainsi, pour toutes les protéger, mieux vaut ne pas les toucher !
Sources :
V., 2017. – Naïades et autres bivalves d’eau douce de France. Biotope, Mèze, Muséum d’Histoire national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaire & biodiversité), 336p.
Gornet, D., 2015 –Mise en place d’un protocole de prospection et caractérisations de populations d’Uniocrassus dans deux départements d’Ile-de-France, 63p.
UICN, listes rouges européennes et mondiales
Anodonte des étangs © Pascale Larmande
Responsable régional de l'Association régionale des Fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique Centre-Val de Loire
Association régionale des Fédérations départementales de Pêche et de protection du milieu aquatique Centre - Val-de-Loire
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