Le Balbuzard pêcheur est l'un des seuls rapaces présents sur tous les continents (sauf l’Antarctique). Il avait pourtant disparu de France continentale au début du XXème siècle, jusqu’à son retour spontané au début des années 1980. La nidification de cet oiseau migrateur dans notre région est toujours très suivie par les passionnés d'ornithologie et de nature.
Doté d'une envergure impressionnante, allant de 1,45 mètre jusqu’à 1,70 mètre pour les plus grandes femelles, le Balbuzard pêcheur se distingue par son dos d'un brun sombre qui contraste avec son plumage blanc éclatant sur le ventre et sous ses ailes, parfait pour ne pas être repéré par ses proies. Cet oiseau prédateur, pouvant vivre jusqu’à plus de 20 ans pour les femelles, est également repérable grâce à ses ailes longues et étroites et à sa tête blanche et fine marquée d’un bandeau noir qui part de l’œil, dont l’iris est de couleur jaune.
Comme son nom l'indique, le Balbuzard pêcheur est un expert de la pêche. Il installe son nid dans un site favorable à la reproduction situé à moins de 20 km des zones de pêche. La présence d’un large éventail de milieux aquatiques (étangs, lacs, rivières...) favorise son installation.
En France, sur une centaine de couples de balbuzards, trente à trente-cinq passent le printemps et l’été dans le Loiret avec pour terrain de chasse les eaux douces de la Loire et de nombreux étangs. En vol ou depuis un perchoir, ils repèrent les poissons nageant en surface grâce à leur vue acérée, puis plongent avec détermination et vigueur pour attraper leur festin avec leurs longues serres recourbées. Une technique de pêche digne d'un spectacle aérien !
de poisson par jour consommé par oiseau
Le Balbuzard pêcheur est un oiseau migrateur réputé pour sa vie de famille bien organisée. Chaque année, au début du printemps, ils reviennent fidèlement sur leur aire de nidification habituelle pour élever leurs petits. Ces nids massifs sont construits en hauteur, généralement sur des arbres ou, plus récemment, sur des pylônes électriques.
Les femelles pondent généralement deux à trois œufs qui éclosent au bout d'un peu plus d’un mois d’incubation. Les petits restent dans le nid pendant 7 à 8 semaines, jusqu'à leur envol. Les deux parents participent à la couvaison et au nourrissage des jeunes, les femelles donnant la becquée avec les poissons pêchés par le mâle.
Ces rapaces ont un comportement philopatrique, c’est-à-dire que, lorsque les jeunes auront atteint leur maturité sexuelle et reviendront d’Afrique pour se reproduire en France, généralement à l’âge de trois ans, ils chercheront à s’installer dans la région où ils sont nés.
Victime de multiples menaces liées à la présence humaine, cette majestueuse espèce a connu des temps difficiles pour de nombreuses raisons : les pratiques de pisciculture intensive, les destructions volontaires et la pollution de l’eau ; autant de causes qui ont conduit à la disparition du rapace en France au début du XXe siècle.
Le Balbuzard pêcheur est une espèce protégée en France et en Europe (arrêté ministériel de 1972 protégeant tous les rapaces), il est donc interdit de détruire les oiseaux, leurs œufs et leurs nids, de les déranger, ainsi que de les vendre ou de les transporter sous peine de poursuite judiciaire.
de couples de balbuzards pêcheurs en France
En Europe, il y a entre 8 400 et 12 300 couples.
Depuis 1995, Rolf Wahl, passionné loirétain de ce rapace, est titulaire d’un programme de baguage des jeunes balbuzards nés dans la région Centre-Val de Loire et maintenant sur l’ensemble du territoire, sous la supervision du CRBPO (Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d'Oiseaux). À l'âge de 6 à 7 semaines, le plus grand nombre possible de jeunes oiseaux nés sur des nids accessibles sont bagués avant leur envol. Ils reçoivent une bague métallique du Muséum national d'histoire naturelle ainsi qu'une bague colorée, permettant leur identification individuelle.
Grâce à des longues-vues performantes, il est possible de lire les bagues colorées à grande distance. Cette pratique a déjà permis de recueillir des données sur l'évolution de la population, la fidélité des oiseaux envers les sites de reproduction, leurs comportements et relations sociales, les lieux de pêche, le taux de survie, l’âge de retour, ainsi que leurs déplacements lors des migrations et la localisation de leurs sites d’hivernage.
Après avoir déserté l'Hexagone pendant près d'un demi-siècle, un premier couple reproducteur de balbuzards pêcheurs s’est réinstallé spontanément en forêt d'Orléans en 1984.
Afin de suivre le développement de cette espèce et pouvoir observer les oiseaux dans leur milieu naturel, un affût d'observation a été créé l’année suivante, dès la réapparition du balbuzard. Une trentaine de bénévoles s’y sont relayés pour suivre l’espèce et faire de l'Étang du Ravoir un havre de paix.
En 1996, l’Office National des Forêts (ONF) et ses partenaires construisent un vaste observatoire pour faciliter l’accueil du public, l'Observatoire du Ravoir, le seul site d'Europe à destination du grand public où il est possible d'observer un couple de balbuzards et sa nidification dans son milieu naturel sans le déranger.
Une campagne de sensibilisation est lancée en 2016 par l'ONF, Loiret Nature Environnement (LNE), le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) et le Museum des sciences naturelles d'Orléans selon les préconisations du Plan paneuropéen de rétablissement et de sauvegarde du Balbuzard pêcheur en Europe.
C’est le projet « Objectif Balbuz@ard »
C’est le projet « Objectif Balbuz@ard », qui bénéficiera du soutien financier de la Région Centre-Val de Loire et de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et comportera le renouvellement de la caméra du Ravoir et la pose de deux caméras sur des nids situés sur des pylônes électriques en Sologne. Des études écologiques et comportementales seront ensuite réalisées. L'une des caméras fonctionne toujours en direct et permet d’observer les oiseaux pendant la saison de reproduction.
Aujourd'hui encore, l'évolution de ces rapaces est très suivie. Si vous souhaitez en apprendre plus sur cette espèce, les visiteurs sont accueillis à l’Observatoire du Ravoir par des animateurs de l’association Loiret Nature Environnement du début avril à la fin août, tous les dimanches, de 15 h à 19 h.
Retrouvez le live sur le site internet :
Au-delà du Balbuzard pêcheur, les forestiers membres du réseau avifaune de l’ONF suivent toutes les populations d’oiseaux. Ils collaborent avec les associations locales et dressent des inventaires précis des espèces présentes sur un massif ou une parcelle forestière pour définir les actions de préservation à mettre en place.
Pour découvrir leur métier : Naturaliste avifaune, un métier de passion pour préserver les oiseaux (onf.fr)
Si vous avez la chance de rencontrer un balbuzard pêcheur lors de vos escapades en pleine nature, prenez le temps de l'observer et d'admirer sa beauté sauvage sans le déranger. Tenez-vous éloignés des nids, à plus de 300 mètres.
Balbuzard pêcheur © Gilles Perrodin
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gestionnaire des forêts publiques
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