Les milieux aquatiques sont des écosystèmes qui regorgent d’une faune et d’une flore spécifiques. Ils assurent également des services aux humains, appelés services écosystémiques, tels que l’approvisionnement en eau, l’auto-épuration, la lutte contre les inondations (écrêtage des crues), la lutte contre le changement climatique... Maintenir leur bon état est primordial pour assurer la pérennité de ces services. L’Observatoire rend compte de la situation en Centre-Val de Loire et des enjeux associés, via l'indicateur « état et suivi des milieux aquatiques ».
Les pollutions chimiques d'origines industrielles, agricoles ou issues de collectivités occasionnent des impacts négatifs sur la ressource en eau. L'eau peut être rendue impropre à la consommation et nécessiter des traitements à base de charbon actif pour la rendre potable (le coût de l'eau s'en trouve considérablement augmenté). L'eau polluée rend aussi l'habitat inhospitalier en provoquant par exemple une eutrophisation du milieu (développement d'algues suite à une trop forte concentration en nitrates et phosphates). L'eutrophisation prive alors le milieu en oxygène, nécessaire à la respiration de nombreux animaux et végétaux.
Les pollutions peuvent aussi être sous forme de déchets comme les plastiques, qui dégradent aussi les milieux en affectant le cycle de vie des espèces (ingestion et toxicité induite).
L'indicateur d'état et de suivi des milieux aquatique de l'Observatoire, explique ce qu'est le " bon état " d'un cours d'eau, présente les cartographies de la région et les chiffres sur les eaux superficielles et les eaux souterraines.
La Directive Cadre sur l’Eau (DCE) fixe la politique globale dans le domaine de l’eau depuis 2000 à l’échelle de l’Europe. La DCE « compartimente » les milieux aquatiques en masses d’eau superficielles et masses d’eau souterraines.
Elles désignent une portion d’eau située en surface : cours d’eau (rivières, fleuves, canaux), lacs, réservoirs. En Centre-Val de Loire, on dénombre environ 480 masses d’eau superficielles, situées au moins pour partie sur le territoire : 348 sont sur le bassin Loire-Bretagne et 132 sur le bassin Seine-Normandie. Leur dégradation entraine un dysfonctionnement de l’écosystème : mortalité de la faune et flore aquatiques, développement d’une flore envahissante, eutrophisation des milieux...
Elles correspondent à des volumes d’eau situés à l’intérieur d’un ou plusieurs aquifères (« réservoir » d’eau souterraine constitué de roches poreuses et perméables à l’eau, qui permettent l’écoulement d’une nappe souterraine). Les masses d’eau souterraines sont notre principale source d’eau potable, que nous puisons via des captages souterrains (au nombre de 1 051 en 2022 en région) : 7 % des prélèvements dans les masses d'eau souterraines servent à alimenter 90 % de la population en eau potable (55 % des prélèvements sont à usage de l’irrigation 34 % pour la production d’énergie, 4 % pour l'industrie - source ARS, Bilan 2022 & IGN BNPE, 2018). Leur pollution entraine un traitement de l’eau pour la potabiliser, voire un abandon du captage si le niveau de pollution est trop élevé (cela est d’autant plus fréquent que la nappe est moins profonde dans le sol et donc plus rapidement soumise à l’accumulation de polluants).
masses d'eau superficielles en Centre-Val de Loire
Le bassin de la Loire a une emprise de 80 % du territoire, et le bassin de la Seine, 20 %. Ces bassins versants correspondent à des surfaces d’alimentation d’un fleuve, c’est à dire que la pluie qui tombe sur cette surface contribue à alimenter le fleuve. Les limites de ces surfaces sont les lignes de partage des eaux, ou lignes de crête. Le bassin versant d’un fleuve est alors constitué des bassins versants de ses affluents, eux-mêmes constitués de sous-bassins versants...
Les deux bassins versants sont administrés par deux agences de l’eau : l’agence de l’eau Loire-Bretagne et l’agence de l’eau Seine-Normandie. Les agences de l’eau sont le secrétariat du comité de bassin qui définit les grands axes de la politique de l’eau dans les bassins versants.
Le Centre-Val de Loire est riche d’un linéaire d’environ 10 000 km de cours d’eau (source RHT1), organisé autour de la Loire et de sept grandes vallées alluviales que sont le Cher, l’Indre, la Vienne, la Creuse, le Loir, le Loing et l’Eure.
1 Réseau Hydrographique Théorique
La carte illustre les contours des bassins versants Loire-Bretagne et Seine-Normandie et celui, administratif de la région Centre-Val de Loire.
km de cours d'eau (source RHT)
grandes vallées alluviales
Chaque comité de bassin adopte un état des lieux tous les 6 ans indiquant l’état actuel des masses d’eau et le risque qu’elles ne soient pas en bon état dans les 6 ans. Le comité de bassin décline, en fonction, un programme de mesures qui liste les objectifs à atteindre, pour viser le bon état des eaux. Ce dernier est défini par la DCE comme suit :
L’état chimique des eaux de surface est relativement peu mesuré (notamment sur les micropolluants). C’est pourquoi seul l’état écologique est présenté dans cet indicateur pour les masses d’eau superficielles du territoire Centre-Val de Loire.
Les deux cartes qui suivent illustrent d'une part les masses d'eau superficielles (plans d'eau et cours d'eau) et d'autres part, les seuls cours d'eau.
des masses d'eau superficielles ne sont pas en « bon état écologique »
Peu de plans d’eau, suivis dans le cadre de la DCE, sont présents en région. 10 plans d'eau dénombrés sur le bassin Loire-Bretagne, sont situés au moins en partie en région, et seuls 3 plans d'eau pour le bassin Seine-Normandie apparaissent au moins en partie en Centre-Val de Loire. Ce faible nombre explique la très faible différence entre les pourcentages des deux cartes affichées.
82 % de ces masses d’eau ne sont pas en « bon état écologique » ou « bon potentiel écologique ». La notion de « potentiel écologique » s’applique aux milieux aquatiques fortement anthropisés voire créés par les humains. Pour ces milieux, l’atteinte d’une situation légèrement perturbée est impossible du fait même de leur nature anthropique et non naturelle. Cependant, cela ne doit pas empêcher de rechercher à minimiser les incidences écologiques de ces milieux et d'essayer d'en faire des lieux d'accueil de la biodiversité.
Les paramètres déclassant l’état écologique des cours d’eau en état moyen, médiocre et mauvais, peuvent être identifiés pour le bassin Loire-Bretagne et sont classés sur le graphique ci-dessous.
Il s’agit principalement de l’indice Poisson* et du Bilan Oxygène*. En Seine-Normandie, les principaux facteurs déclassant sont les macro-invertébrés* et les diatomées*.
(*voir lexique ci-après)
taux de cours d’eaux en Loire-Bretagne qui risque la non-atteinte des objectifs de bon état écologique d’ici 2027
seulement si aucune nouvelle action n’est engagée (Loire-Bretagne vise un objectif de 61% des eaux superficielles en bon état d’ici 2027 via la mise en œuvre des actions proposées dans l’état des lieux).
Indice Poisson : établi à partir de la population piscicole, évalue l’écart existant entre l’échantillon et l’état écologique potentiel.
Bilan Oxygène : prend en compte le taux d’oxygène dissous (mg/l), le taux de saturation en oxygène (%), la demande biochimique en oxygène pendant 5 jours (DBO5 en mg d’O2/l) et le carbone organique dissous (COD en mg/l).
Indice Macro-invertébrés : indique la qualité des eaux à partir de la présence ou de l’absence de certains macro-invertébrés sensibles à certaines pollutions et perturbations du milieu.
Indice Diatomées : algues microscopiques qui réagissent aux pollutions classiques (nitrates, phosphore, pesticides).
17 % des masses d’eau souterraines sont en état quantitatif médiocre. Toutefois il est visible que la nappe de Beauce et celle des craies altérées du Neubourg (au nord de Chartres) cumulent les mauvais états quantitatif et qualitatif. La même observation peut être faite pour la nappe des craies du Séno-Turonien (sud de Tours) et celle des calcaires et marnes du Jurassique supérieur (aux environs de Bourges). Le paramètre qualitatif est relié au paramètre quantitatif, une mauvaise qualité pouvant bénéficier d’un effet dilution si la quantité est suffisante.
41 % des masses d’eau souterraines sont en état chimique médiocre. Les principaux facteurs chimiques déclassant les masses d’eau souterraines sont les nitrates et les pesticides (produits phytosanitaires utilisés en agriculture mais aussi sur les sites industriels, les zones traitées des collectivités, les anti-mousses des toitures...). L’ajout des molécules chimiques médicamenteuses est en cours pour intégrer aussi cette pollution chimique. Le traitement des eaux pour les potabiliser a un coût élevé et n’est pas pérenne. Les efforts à faire pour réduire les pollutions à la source sont majeurs si l’on souhaite enrayer le déclassement des eaux à la consommation.
des masses d’eau souterraines sont en état quantitatif médiocre
des masses d’eau souterraines sont en état chimique médiocre
Les prélèvements sur les masses d’eau souterraines (eau potable, irrigation, procédés industriels...) influent sur la disponibilité en eau. Or la quantité d’eau disponible impacte non seulement les activités humaines mais aussi les échanges entre eaux souterraines et eaux de surfaces et le bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
Pour fixer des objectifs à l’horizon 2027 et mettre en place des actions adaptées, une évaluation des risques de non-atteinte des objectifs est réalisée dans l’état des lieux. Elle exprime la tendance d’évolution des pressions d’ici 2027, si aucune nouvelle action n’est engagée. Ce sont les deux chiffres exprimés ci-dessous.
taux de masses d’eau souterraines en région qui risque la non-atteinte des objectifs de bon état quantitatif d'ici 2027
si aucune nouvelle action n’est engagée
taux de masses d’eau souterraines en région qui risque la non-atteinte des objectifs de bon état chimique d'ici 2027
si aucune nouvelle action n’est engagée
Pour le bassin Loire-Bretagne, les chiffres sont plutôt stables depuis 2013 (date du précédent état des lieux) : le pourcentage de cours d’eau en bon état est passé de 26 à 24 %, les eaux souterraines n’ont pas évolué à l’exception de la nappe de Beauce qui s’est dégradée en pollution nitrate.
Sur le bassin Seine-Normandie, on relève pour les masses d’eau souterraines une dégradation de l’état chimique entre 2013 et 2019 (de 23 à 18 % de masses d’eau en bon état chimique) ; et pour les masses d’eau de surface, une augmentation de +8 % des masses d’eau superficielles en bon état.
La situation est ainsi inchangée, voire dégradée dans certains territoires. Les efforts sont donc toujours nécessaires pour restaurer les milieux aquatiques et bénéficier de leurs services. Les activités humaines vont en effet continuer d’exercer des pressions auxquelles s’ajoutent celles du changement climatique.
Celui-ci se fait ressentir notamment sur l’augmentation des périodes en assec (=absence d’écoulement visible), qui sont de plus en plus longues et concernent de plus en plus de cours d’eau en région, d’après l’Observatoire national des données sur les étiages (ONDE), animé par l’OFB. On observe alors une forte fragmentation des habitats avec des cours d’eau complètement nus.
Les prélèvements en eau potable et autres usages sont à intégrer dans ce contexte. Les solutions d’adaptations fondées sur la nature (végétaliser les sols, préserver et restaurer les fonctions naturelles des rus et zones humides ...) sont essentielles pour lutter contre les restrictions en cas de sécheresse répétitive. C’est en ce sens que les agences de l’eau ont déployé des plans d’adaptation au changement climatique. Sur le bassin Loire-Bretagne on constate déjà une augmentation de la température des eaux de +0,8°C. Globalement on attend une hausse des températures des eaux de surfaces de +1,1°C à +2,2°C d’ici 2070 ainsi qu’une baisse du niveau de la recharge des nappes souterraines de 30 %, (sur la moitié de la superficie du bassin Loire-Bretagne) d’après l’étude Explore 2070 réalisée de 2010 à 2012. Une nouvelle étude Explore 2 menée par l’INRAE et l’Office internationale de l’eau vient d’être initiée et permettra une mise à jour et une intégration des nouvelles données du GIEC.
Les données présentées ici sont celles des états des lieux 2019 des deux bassins situés en Centre-Val de Loire. Les précédents états des lieux de 2013 ne permettent pas systématiquement une comparaison entre 2013 et 2019, du fait de l’évolution de la connaissance et des méthodes pour évaluer l’état des masses d’eau mais aussi de la variabilité dans le temps causée par la pluviométrie : des années plus ou moins chargées en eau auront une incidence sur la qualité (de faibles débits entraînent de plus fortes concentrations des polluants dans les eaux) et sur les populations faune et flore aquatiques.
L’état des eaux dépend de nombreux paramètres. Les données présentées dans cet indicateur sont des données macro à l’échelle de la masse d’eau qui ne permet pas de mettre en évidence les disparités territoriales. Une masse d’eau peut donc apparaître en bon état mais un bassin versant ou sous-bassin versant la composant peut être particulièrement dégradé. Il est donc important d’analyser aussi la donnée à une échelle plus fine pour prendre en compte les spécificités des cours d’eau.
*Le groupe de travail de l'Observatoire est composé des co-pilotes (Région, DREAL et la DR OFB) et des animateurs et animatrice des pôles Faune, Flore&Habitats et Gestion des milieux naturels
La Loire à Amboise ©B. Virely
Animatrice territoriale sur les milieux aquatiques
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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