Chaque mois, l'ARB vous donne rendez-vous avec un " Le saviez-vous ?! " thématique. Retrouvez en chiffres, en images, en anecdotes et faits marquants des infos clés sur la biodiversité.
Les sols jouent un rôle capital dans l'équilibre des écosystèmes. Pourtant, ils sont piétinés, retournés et encore trop peu connus.
La pédogenèse, c'est-à-dire le processus de formation des sols, est le résultat de multiples interactions de différents facteurs : la nature des matériaux parentaux (roches, argiles, leur granulométrie...), la pente, le relief, la végétation, le climat et l'activité humaine. Tout ceci inscrit la formation des sols sur une très longue durée, de 100 à 1 000 ans sous nos climats tempérés, pour former 1 cm de sol. À l'échelle d'une vie humaine, nous pouvons donc dire qu'ils ne sont pas renouvelables.
La meilleure façon de les préserver est de ne pas les détruire. Les menaces sont pourtant nombreuses : urbanisation, érosion, pollution, tassement...
C'est le sol qui rend le plus de services écosystémiques dans la nature grâce à ses fonctionnalités en rapport avec le cycle de l'eau et la genèse de la biodiversité. Il contribue au climat et à la fertilisation des océans via les fleuves. L'agroécologie est une pratique respectueuse à promouvoir pour favoriser ces écosystèmes.
Photo : Monobella Grassei (collembole de 1 à 1,6 mm de moyenne) © Soizic Mallet
Les sols abriteraient 59% des espèces de la biodiversité terrestre. (source : Anthony et al.2023)
Une cuillère à café de sol de jardin peut contenir plus d'un million d'organismes répartis en plusieurs milliers d'espèces différentes.
Cette ressource vivante assure de nombreux services indispensables au fonctionnement des écosystèmes terrestres et au développement des sociétés humaines.
Les cours d'eau du Centre-Val de Loire, et notamment la Loire, sont bien connus pour leurs crues. La biodiversité riveraine de ces cours d'eau, dont les humains font partie, est impactée par ce fonctionnement naturel.
"Crue de la Loire", "crue de la Seine"... Voici des mots qui donnent généralement plutôt des sueurs froides aux collectivités. En Centre-Val de Loire, 1 habitant sur 8 est concerné par le risque inondation. Pourtant, il y a bien un enjeu à ce que ces crues aient lieu car, nous le verrons dans le dossier thématique dédié, elles sont nécessaires au bon fonctionnement de nombreux milieux qui nous rendent de précieux services. La nature nous offre les solutions pour s'adapter à ce risque naturel.
Les poissons se répartissent dans des zones où les conditions environnementales sont favorables à leur cycle biologique. La température, les conditions hydro-morphologiques, ainsi que la qualité de l’eau (oxygène dissous, concentration de polluants...) sont les facteurs environnementaux dont dépendent la physiologie, les rythmes biologiques et la répartition des poissons.
Si ces conditions sont modifiées, les espèces peuvent alors :
Aussi, le changement climatique, qui a un impact sur ces paramètres, pourrait provoquer une modification de l’aire de répartition des poissons.
L’étude EXPLORE 2070 a évalué l’impact du changement climatique (scénario A1b du GIEC) sur la distribution de 38 espèces de poissons d’eau douce en France métropolitaine à l’horizon 2070.
Pour chacune des familles étudiées, et selon les espèces et leur localisation géographique, on observe selon les cas une augmentation ou une réduction d’aire d’habitats favorables.
En dépit d’incertitudes élevées, de grandes tendances semblent se dessiner à l’échelle nationale.
Les espèces d’eau froide à faibles tolérances thermiques telles que la Truite commune seraient systématiquement les espèces les plus touchées dans un contexte de changement climatique. En effet, à l’horizon 2070, on observe une diminution de près d'un tiers de l'aire de l'habitat favorable à la Truite commune. Son habitat se réduit, en effet, à des zones-refuges en tête de bassin.
Sources :
Les surfaces forestières les plus sensibles au risque de feu vont considérablement augmenter dans les décennies à venir. En Centre-Val de Loire, 566 057 hectares de massifs forestiers vont présenter un risque fort à très fort d'ici 2060 (DREAL, 2021), soit 60% des forêts et 1/5 de la surface régionale.
En Centre-Val de Loire, on prévoit entre +18 à +50 jours par an de journées chaudes d'ici 2060. L'augmentation des fréquences de canicule (+33% par an) et la baisse des précipitations en été (-13% par rapport à la référence actuelle -source ClimatHD) vont contribuer à augmenter ce risque de feux de forêt en région. Jusque-là épargné, le Centre-Val de Loire sera, d'ici 2060, comparable à la situation que connaissent les Landes aujourd'hui.
La vulnérabilité au stress hydrique des forêts risque d’être renforcée par une exposition à des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus sévères sans que l’on puisse actuellement les quantifier précisément. Outre l’impact sur leur productivité ces sécheresses auront pour effet de rendre les peuplements forestiers plus vulnérables à d’autres évènements climatiques extrêmes comme les tempêtes et les feux de forêts. En effet, la réduction de la teneur en eau des végétaux en situation de stress hydrique les rend plus inflammables ; les conditions météorologiques propices aux départs de feux seront ainsi de plus en plus fréquentes.
Les feux sont à la fois une cause et une conséquence du réchauffement climatique. Ils sont à l'origine d'une pollution de l'air, de l'eau et des sols. Leur fréquence, notamment dans le contexte d'épisodes de sécheresse, peut compromettre le devenir de l'écosystème forestier.
Dans la région, les forêts de Sologne et de Touraine sont particulièrement sensibles du fait des peuplements de pin dont les aiguilles constituent au sol un matériau fortement combustible et des sous-étages forestiers composés de landes sèches et de Fougère aigle. Les massifs de Châteauroux et d’Orléans présentent une sensibilité naturelle forte au feu due à la présence de landes sèches, croisée à un enjeu économique particulièrement important (forêts de chênes) et un enjeu environnemental majeur (Natura 2000 et ZNIEFF type 1).
Source : DREAL Centre-Val de Loire
Au vu du réchauffement climatique et des étés incendiaires de 2019 et 2020, la DREAL Centre-Val de Loire, en lien avec la DRAAF, les DDT et les SDIS a produit un atlas du risque de feux de forêt en 2021. Cet outil de connaissance contribue à la culture du risque et à développer des stratégies locales pour prévenir les feux de forêt.
Note sur les enjeux de la forêt en Centre-Val de Loire face aux changements climatiques : augmentation des risques mais aussi facteur d’atténuation et d’adaptation
Face à ces feux répétitifs, les autorités des différents départements de la région prennent des mesures de prévention et de protection (renforcement des arrêtés d’interdiction de brûlage, cartographies des massifs forestiers et de la végétation à risque, diffusion d’indicateurs d’alertes…). L’ONF, le CRPF et les syndicats départementaux des propriétaires forestiers sont associés à ces démarches en tant qu’acteurs de la forêt publique et privée.
Pour élargir au niveau national, le tout nouveau site Observatoire des forêts françaises résume l'état des connaissances en chiffres clés, graphiques, atlas...
Météo-France définit une vague de chaleur comme « une élévation continue des températures pendant au moins trois jours », soit une température moyenne nationale supérieure à 23,4 °C pendant au moins 3 jours et atteignant au moins une fois 25,3 °C. Si l’on comptait 8 jours/an de vagues de chaleur avant 2005, ce chiffre pourrait s’élever à 75 jours/an en 2070.
Comment agir face à de telles prévisions ? En ville, la renaturation est l’un des outils que l'on peut déployer pour atténuer l’impact des vagues de chaleur. Renaturer un milieu affecté par les activités humaines consiste à favoriser son retour à un état naturel ou semi-naturel : par exemple, revégétaliser des espaces imperméabilisés tels que les parkings, les places ou les cimetières. Y restaurer de bonnes interactions entre un sol vivant, l’eau et le végétal permet non seulement de réguler localement le climat, mais favorise aussi le stockage du carbone et la recharge des nappes d’eau souterraines.
Source : DREAL Centre-Val de Loire
Pour en savoir plus :
Les nappes souterraines constituent d’immenses réserves d’eau invisibles depuis la surface, mais essentielles pour l’alimentation en eau potable, l’industrie ou l’agriculture. Les changements climatiques affectent cette précieuse ressource, se cumulant avec l’augmentation des prélèvements qui y sont fait.
Selon l’étude Explore 2070, le bassin versant de la Loire risque d’être parmi les plus touchés à l’échelle nationale. Ainsi, à l’horizon 2070, la baisse de la recharge en eau des nappes souterraines pourrait être comprise entre -25 et -30 %, notamment en région Centre-Val de Loire.
La baisse du niveau de l’eau dans les nappes du bassin de la Loire, estimée à -1,8 m en moyenne, ne sera pas homogène : dans les vallées, reliées aux cours d’eau, cette baisse pourrait atteindre -0,25 m. En revanche, on peut s’attendre à une diminution allant jusqu’à -8,5 m sur les plateaux.
La gravité de cet enjeu nous invite à repenser la manière dont nous utilisons l’eau disponible, afin de limiter les conséquences sur nos ressources futures.
Source : Explore 2070
En savoir plus :
Les trognes ou « arbres têtards » sont des arbres taillés régulièrement à la même hauteur, ce qui leur donne une allure bien particulière. Vous pouvez les croiser le long d’un chemin, d’un cours d’eau…ou d’une rue en ville !
La taille en têtard est pratiquée depuis plusieurs millénaires sur la plupart des espèces feuillues. Cette technique assurait jadis aux paysans une production durable de bois, de feuilles et de fruits pour l’alimentation des animaux, le chauffage, la fabrication d’outils… Un temps abandonnées, les trognes (re)trouvent aujourd’hui des usages variés, notamment dans les filières du bois-énergie et de l’élevage.
Mais au-delà de leur intérêt comme ressource locale, les trognes sont aussi un véritable havre de biodiversité ! Des centaines d’espèces leur sont associées : oiseaux, champignons, mousses, lichens, insectes, amphibiens, petits mammifères…
En région, la Maison Botanique de Boursay et le Conservatoire d’espaces naturels du Loir-et-Cher œuvrent pour la revalorisation de ces arbres d’une grande richesse écologique et économique.
Pour en savoir plus :
Figures emblématiques des paysages bocagers, les haies sont des alignements d’arbres et d’arbustes hauts de 3 à 20 m, qui bordent les cultures et les prairies. Hautes ou basses, larges ou étroites, elles prennent des formes diverses et abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales.
Bien présentes en France depuis le Moyen-Âge, les haies ont été délaissées et arrachées à partir du XXe siècle pour faciliter la mécanisation agricole. Aujourd’hui, de nombreuses actions sont menées pour revaloriser ces espaces d’une grande richesse écologique !
En effet, les haies présentent de nombreux avantages pour l'agriculture : elles protègent les cultures du vent et du soleil, freinent le ruissellement de l’eau et l’érosion des sols en cas de fortes pluies, offrent un refuge aux animaux auxiliaires des cultures… des alliées de choix en contexte de réchauffement climatique !
Pour en savoir plus :
A l’échelle de la Terre, les variations climatiques jouent un rôle majeur dans le développement d’écosystèmes diversifiés : déserts, forêts, steppes… Mais en retour, les milieux naturels agissent également sur le climat !
Les milieux naturels sont notamment des "puits de carbone" : ils absorbent le carbone contenu dans le CO2 de l'air, atténuant ainsi son impact sur le climat. Actuellement, les milieux naturels absorbent près de 60 % du CO2 anthropique, par :
Si tous les écosystèmes fonctionnels absorbent le carbone de l’air, certains sont particulièrement précieux. Ainsi, les tourbières stockent à elles seules environ 1/3 du carbone contenu dans les sols. Une raison de plus pour protéger ces écosystèmes riches en biodiversité qui retiennent et filtrent les eaux de surface !
Pour en savoir plus :
L’ARB les accompagne avec le dispositif « Territoire engagé pour la nature » (TEN).
8 collectivités ont été retenues par le jury régional après évaluation de leurs plans d'actions proposés pour les 3 années à venir
Arrivées au terme de leur 3 années de reconnaissance, deux communes ont souhaité renouveler leur engagement :
Pour en savoir plus, découvrez notre page dédiée au dispositif "Territoires engagés pour la nature" !
Les milieux humides contribuent à réduire les phénomènes d’îlots de chaleur. Dans les espaces urbains, les îlots de chaleur sont un phénomène courant qui s’intensifie avec les impacts des changements climatiques (canicules et sécheresses notamment). Les surfaces imperméabilisées (bitumes, toitures) génèrent un écart de température allant à plus de 10°C par rapport aux surfaces naturelles végétalisées situées à proximité.
Les végétaux et les zones en eau jouent un effet de refroidissement sur la zone alentour grâce à l’évaporation de l’eau qui humidifie l’air. Les végétaux interceptent en plus le rayonnement solaire soit par absorption par le feuillage, soit par réflexion.
Source du chiffre du "Le saviez-vous?!" : AdeUs, note 140, 2014
Pour aller plus loin : Comprendre les ilots de chaleur urbain, CNRS, 2021
Lien vers image satellite de Paris en juin 2022, ilots de chaleur flagrants
Pour en savoir plus sur les zones humides :
Les fleurs des champs, souvent qualifiées de « mauvaises herbes », portent le nom de messicoles. En Centre-Val de Loire, elles représentent 127 espèces dont les plus connues, le grand Coquelicot et le Bleuet, participent au fleurissement estival des champs.
Avec les changements de pratiques agricoles survenus en Europe dès le milieu du XXème siècle, 2 espèces sur 5 sont désormais menacées en région et 11 ont déjà disparu. En cause, l’utilisation d’herbicides, le remembrement des parcelles qui a induit la diminution des linéaires de bordures favorables à la biodiversité ou encore le labour profond. Certaines espèces ont également décliné suite à l’amélioration des techniques de tri des semences, éliminant plus efficacement les graines de messicoles des lots de graines de céréales.
Les plantes messicoles participent au bon fonctionnement de l’agro-écosystème en constituant des sources précieuses de nectar et de pollen pour de nombreux pollinisateurs, utiles à l'écosystème agricole par leur prédation des insectes indésirables.
Pour en savoir plus sur les messicoles, vous avez plusieurs possibilités :
Fruit de l’aménagement et de l’organisation des milieux, l’occupation du sol illustre les choix de développement effectués en Centre-Val de Loire. Elle constitue un important enjeu de gestion de la ressource « sol », qui est une ressource « finie », lentement ou difficilement renouvelable.
On entend par occupation du sol : « la couverture (bio-)physique de la surface des terres émergées » (FAO, 1998), soit la caractérisation de l’usage que l’humain fait - ou non - des terres.
L’évolution de l’occupation du sol reflète donc celle de l’activité humaine, des paysages et de la biodiversité qui y est liée.
Pour en savoir plus sur la consommation des sols et l'artificialisation, vous avez plusieurs possibilités :
Les arbres et les plantes grimpantes en milieu urbain ont un effet sur la température ressentie et mesurée. On relève jusqu'à -15°C entre un sol à l'ombre d'un arbre et un sol en plein soleil (mesure réalisée sur un sol minéral).
Face aux impacts des changements climatiques, aménager son territoire pour le rendre plus résilient est possible grâce aux Solutions d'adaptation fondées sur la Nature (SafN). Cela consiste à utiliser la nature et les services qu'elle nous rend pour faire face aux problèmes que l’on rencontre.
Il s'agit alors de protéger, gérer de manière durable ou restaurer les écosystèmes naturels ou modifiés pour améliorer leur état, pour qu'ils soient fonctionnels et assurent des services dits écosystémiques. Ces services nous sont précieux ! En quelque sorte, la nature œuvre gratuitement pour nous :
Pour en savoir plus sur la végétalisation, vous avez plusieurs possibilités :
Les espèces pollinisatrices et les espèces végétales sont adaptées les unes aux autres. On parle aussi de co-évolution, notamment quand la fleur est adaptée à la morphologie d'une espèce en particulier, ou quand sa floraison coïncide avec le besoin en nutrition d'une espèce, comme l'abeille sauvage la Collète du lierre, en activité au moment de la floraison... du lierre (!), ou l'Ophrys abeille qui imite l'abeille femelle et dupe l'abeille mâle qui la pollinise.
Aménager le territoire, protéger la biodiversité ou encore atténuer le changement climatique : pour ces 3 enjeux, la végétalisation est une réponse concrète. Pour bien faire, le choix de végétaux locaux est primordial.
Pour répondre aux questions des collectivités, la coalition végétalisation, issue de la COP régionale climat, a réalisé une boite à outils "Végétalisons ! en Centre-Val de Loire". Véritable mine d'informations techniques mais aussi réglementaires, la boite à outils guide les aménageurs, via 4 chapitres, pour penser les territoires urbains et ruraux le plus écologiquement possible.
Pour en savoir plus sur la végétalisation, vous avez plusieurs possibilités :
Depuis plus d’un siècle, les populations de libellules diminuent fortement en Europe, notamment à cause de la dégradation de leurs habitats de prédilection : les zones humides.
Les zones humides sont de véritables trésors de biodiversité. Elles sont malheureusement mises à mal depuis de très nombreuses années : assèchement des marais, drainage, pollution, recalibrage des rivières...
Ces 10 dernières années, bénéficiant d’un Plan national d’actions décliné en région, la connaissance des populations des espèces d’Odonates du Centre-Val de Loire a résolument progressé et a permis la réalisation d'une actualisation de leur liste rouge régionale.
Pour en savoir plus sur les odonates et découvrir les nouvelles données 2022, vous avez plusieurs possibilités :
La fragmentation des milieux impacte le déplacement des espèces le long des cours d'eau. Cette notion est appelée "continuité écologique". Elle est importante pour assurer entre autres, la migration des espèces et leurs cycles de vie. En Centre-Val de Loire, on comptabilise 1 ouvrage tous les 2,4 km de cours d’eau (à titre de comparaison en France métropolitaine, c’est en moyenne 1 ouvrage tous les 6 km).
La notion "d'ouvrages" distingue plusieurs catégories comme les seuils (généralement inférieurs à 5 m) et les barrages (entre 5 et 20 m) .
Pour en savoir plus sur la continuité écologique et découvrir d'autres chiffres et cartographies, vous avez plusieurs possibilités :
Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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