Les forêts alluviales sont des milieux constitués d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées poussant en sous-bois, bordant l'ensemble des cours d'eau, de la source au grand fleuve. Elles se distinguent des autres types de forêts par les changements de niveau d'eau liés aux crues, qui modifient la quantité de sédiments présents.
La forêt alluviale s'étend dans le lit majeur des cours d'eau. Elle se développe sur les sédiments déposés au fur et à mesure par le cours d’eau. C'est un écosystème forestier qui est inondé soit par la rivière, soit par les nappes phréatiques peu profondes, de façon régulière (comme la Saulaie blanche des franc bords, régulièrement inondée), ou exceptionnelle (comme pour l'Ormaie-frênaie-chênais alluviale, qui met parfois des années voire des dizaines d'années avant d'être inondée). Sa présence est directement liée au phénomène de crue et de décrue du cours d’eau.
La forêt alluviale est un milieu fragile. C'est le type de forêt caractérisé par une mosaïque d’habitats complexes présentant des conditions de milieux et des âges variables.
La plupart de ces habitats sont d'intérêt européen, et à ce titre souvent intégrés au réseau de sites Natura 2000.
C’est l'un des types de forêt devenu le plus rare en France et en Europe tempérée (avec les forêts de ravin par exemple) ! Il se rencontre en Centre-Val de Loire le long de la Loire, mais aussi du Cher ou de l’Indre et sur les longs d'autres cours d'eau, jusqu'à leur source.
La forêt alluviale représente un élément essentiel du réseau trame verte et bleue. La reproduction, la migration et l’alimentation de nombreuses espèces animales et végétales y sont privilégiées.
La forêt alluviale est riche en bois mort sur pied, du fait des inondations ou des périodes de sécheresse, d'arbres tombés au sol ou déposés par les crues.
Ce grand arbre pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, présente des feuilles losangiques et une écorce crevassée, souvent sombre.
Dans notre région, le Peuplier noir sauvage (Populus nigra) est seulement répandu le long de la Loire où il trouve des conditions écologiques favorables, de vastes bancs de sable pour germer et se développer (pour plus d’infos : découvrir les bancs de sables).
Confusions possibles !
À table !
Le Peuplier noir est un des mets préférés du castor qui est friand de ses feuilles et son écorce. La Pholiote du Peuplier (Cyclocybe cylindracea), mieux connu sous le nom de Pibolade dans le sud de la France, excellent comestible apprécié des ramasseurs de champignons avertis, poussent préférentiellement sur des souches ou des arbres dépérissant de Peuplier noir.
Le peuplier noir et ses feuilles en forme de losange © R. Dupré
L'Orme lisse (Ulmus laevis), est un arbre présentant des feuilles dentées très dissymétriques à la base et veloutées dessous. Ses fruits ciliés et pédicellés, apparaissant au tout début du printemps, le distinguent du commun Orme champêtre (Ulmus minor ; à fruits glabres et sessiles).
Les grands individus ont la particularité de développer des contreforts à la base du tronc, sorte de prolongement des racines, qui leur permettent d’être plus stables en contexte alluvial.
Arbre seulement répandu en Centre-Val de Loire le long des grands cours d’eau, la Loire, le Cher, la Creuse et la Vienne. Malgré l’épidémie de graphiose qui empêche généralement les ormes de dépasser quelques mètres de haut, l’Orme lisse semble plus résistant et il n’est pas rare de croiser quelques arbres majestueux le long de la Loire.
L'Orme lisse, ses fruits ciliés et ses feuilles dentées © R. Dupré
L’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) à des feuilles ovales dentées, typiquement échancrées au sommet. Les fruits sont de petits cônes appelés strobiles. La couleur du bois fraîchement coupé a la particularité d’être rouge orangé.
C’est un des rares arbres à être capable de croître efficacement dans les lieux marécageux, il est ainsi omniprésent dans les forêts humides où l’eau stagne une bonne partie de l’année. Il compense la pauvreté en azote dans le sol grâce à la présence de nodosités sur les racines capables de fixer l’azote atmosphérique à l’aide d’une bactérie filamenteuse.
L'Aulne glutineux, aux petits cônes (strobiles) et aux feuilles ovales dentées © R. Dupré
Le Houblon (Humulus lupulus) est une grande liane à tige volubile capable d’atteindre le sommet des arbres et fréquente dans les forêts riveraines des cours d’eau. Ses feuilles rappellent celles de la vigne mais elles possèdent un toucher plus rugueux. Cette plante est dioïque, c’est-à-dire que les pieds mâles et femelles sont distincts. Les pieds femelles portent des fruits odorants en forme de petite pomme de pin.
De multiples variétés ont été sélectionnées pour leurs cônes aux nombreuses vertus, très utiles pour aromatiser la bière mais aussi pour lui apporter de l’amertume et participer à sa conservation.
Fleurs mâles du Houblon, composées uniquement d'étamines © R. Dupré
Trois grands facteurs expliquent la forte biodiversité animale des forêts alluviales :
Ces habitats forestiers humides si particuliers, sont le refuge du Castor d'Europe, de la Loutre et de nombreux oiseaux qui y nichent, comme le Milan noir ou le Gobemouche gris. De nombreuses espèces de chauves-souris, en particulier le Grand rhinolophe, le Murin de Daubenton ou la Noctule commune, fréquentent également ces habitats en chasse. Enfin des espèces particulièrement rares en région, comme la Cigogne noire, viennent aussi se nourrir dans ce type de boisements.
Le Loriot d'Europe (Oriolus oriolus) est un passereau migrateur présent en France à partir du mois d’avril et jusqu’à la fin de l’été. Difficile à repérer dans le feuillage dense, le mâle notamment est toutefois facilement reconnaissable à sa livrée jaune d’or et surtout à son chant flûté caractéristique.
L’espèce est inféodée aux boisements frais et humides. Sans être exclusif des forêts alluviales, c’est un habitat qu’il apprécie et investit de préférence, en particulier les ripisylves de bois tendre.
Le Loriot est largement réparti dans la région et ses populations ne semblent pas menacées à l’heure actuelle.
Loriot d'Europe femelle © S. Colas
S’il peut être rencontré dans divers boisements humides, le Petit Mars changeant (Apatura ilia), qui tient son nom des reflets bleus ou violacés visibles selon l’angle d’observation sur le dessus des ailes du mâle, est un papillon typique des forêts alluviales de bois tendre.
Il pond en effet sur les feuilles de peupliers (Tremble, Peuplier noir) ou de saules, dont se nourrissent également les chenilles. Les imagos (=adultes ailés et reproducteurs) émergent à partir de la fin mai et sont essentiellement visibles durant les mois de juin et juillet.
Le Petit Mars changeant est présent dans l’ensemble des départements de la région.
Petit Mars changeant mâle © M. Willmes
Ce grand coléoptère longicorne (Aromia moschata de son nom latin), de couleur verte et aux reflets métalliques, est appelé également « parfumeur » en raison de l’odeur musquée qu’il dégage lorsqu’il est manipulé.
Il affectionne particulièrement les forêts riveraines de cours d’eau. C’est en effet une espèce strictement saproxylique dont la larve se développe dans les troncs des saules (de préférence dépérissant), ou plus rarement d’aulnes et de peupliers.
C’est au sein des boisements alluviaux de la Loire, l’Indre ou la Vienne qu’ont été observés la plupart des spécimens dans notre région.
En plus d'être de véritables réservoirs de biodiversité, les forêts alluviales freinent les écoulements des inondations par la présence des troncs et arbustes, ce qui permet l'étalement de la crue. Elles favorisent le dépôt des sédiments très fins (vases et limons) qui alimentent en nutriments les plantes. Elles protègent la nappe alluviale et jouent le rôle de tampon entre la rivière et les espaces environnant face aux pollutions.
Le bois peut être exploité comme ressource renouvelable, et ces milieux sont des îlots de fraîcheur à proximité des zones urbaines.
Sa proximité avec le cours d’eau rend la forêt alluviale fragile et dépendante de l’état de santé du cours d’eau. En effet, si un enfoncement du lit du cours d’eau est constaté, comme c’est le cas sur la Loire et sur de nombreux cours d’eau du territoire, la forêt est alors déconnectée à la fois du cours d’eau mais aussi de la nappe phréatique. La forêt va avoir tendance à n'être composée que d’arbres à bois dur au détriment d’arbres à bois tendre. Elle perd alors la diversité de milieux qui la caractérise. Cette transition entraîne le dépérissement des espèces à bois tendre qui va alimenter le cours d’eau sous forme d’embâcles. Ces embâcles, une fois transportés par le cours d’eau, peuvent être un obstacle au libre écoulement des eaux et endommager les ouvrages tel que les ponts.
Une autre menace des forêts alluviales est la présence d’espèces végétales envahissantes (Renouée du Japon, Raisin d'Amérique…) ou non adaptées (peuplier hybride, Robinier faux-acacia…) aux bords des rivières. Elles sont à éviter puisqu’elles concurrencent les espèces locales, homogénéisent le paysage, ne maintiennent pas de manière optimale les berges.
Les forêts alluviales sont parmi les milieux forestiers particulièrement menacés et font l’objet de programmes de conservation qui luttent contre :
Il s'agit d'effectuer des travaux sur la végétation afin qu'elle garde et/ou retrouve ses fonctionnalités : recépage, débroussaillage, élagage, abattage des arbres et enlèvements d'encombres (arbres morts, embâcles). Ces actions ne sont pas à réaliser de manière systématique, mais à adapter en fonction du territoire et de l'état de la forêt alluviale.
Si elle est inexistante, il est intéressant de comprendre pourquoi il n'y en a pas et d'essayer d'en créer une par la plantation d'essences variées adaptées au milieu.
Forêt alluviale en bord de Loire, vue du ciel © Alan Méheust
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