Pour l’Observatoire national de l’artificialisation des sols, l’artificialisation se définit comme « la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale… ». C’est ce phénomène que l’on appelle l’artificialisation. Les espaces artificiels se retrouvent dans les zones urbaines et périurbaines, les routes, les usines, les carrières, les chantiers… Appelés également milieux urbains lorsque l’on se situe dans la ville (bâtiments d’habitations, de bureaux, commerces, rues, zones d’activités, parking, etc.), certains espaces artificialisés sont également présents en dehors des zones urbaines (infrastructures de transports, carrières, constructions isolées, bâtiments agricoles, etc.).
Les milieux artificiels sont globalement peu propices à la biodiversité du fait de la forte concentration de perturbations d’origine humaine. Les espaces végétalisés ont une surface relativement réduite et sont le plus souvent déconnectés entre eux. Les constructions constituent des obstacles infranchissables pour les espèces peu mobiles. Le fonctionnement biologique des individus est altéré par la pollution (particules, dioxyde d’azote…), les éclairages artificiels, le bruit, le piétinement… Sur les infrastructures de transport, les collisions engendrent une mortalité importante, notamment pour la Chouette effraie et le Hérisson d’Europe. Les activités liées aux travaux et à l’extraction de matériaux dégradent profondément les sols, perturbent les écoulements, détruisent la flore et entraînent la disparition d’habitats.
La diversité biologique des espaces artificiels dépend de leur aménagement et de leur gestion. L’accès à la nature, la présence des herbes « folles », la place des arbres… : les sujets pour la biodiversité touchent tous les milieux urbains ou artificiels. La gestion différenciée, mais aussi les réflexions autour des continuités écologiques ou encore du ralentissement de l’artificialisation sont autant de méthodes qui permettent d’obtenir ou de maintenir des zones de quiétude et d’accueil pour la biodiversité. L’arrêt des produits phytosanitaires dans les espaces verts est d’ailleurs l’occasion de remettre en cause les pratiques coûteuses pour la vie en ville.
Autre exemple, la végétalisation de l’espace public comme privé (jardins, parcs, trottoirs, cimetière) permet à la fois de développer la biodiversité et de répondre aux enjeux de la ville face au changement climatique : gestion de l’eau pluviale, lutte contre les effets d’îlots de chaleur ou encore amélioration du cadre de vie.
La nuit aussi, le vivant est en ville ! La lutte contre la pollution lumineuse est primordiale pour garantir le bon fonctionnement de la vie nocturne. Cela passe par la limitation de l’éclairage et l’adaptation du matériel. En plus de préserver la biodiversité, cela permet de faire des économies d’énergie.
Enfin, le bâti peut également être favorable à la biodiversité, aussi bien dans le neuf en intégrant, dès la construction, de la végétalisation sur les façades ou les toitures, ou lors de la rénovation de l’ancien, en maintenant les capacités d’accueil de la faune. Hirondelles, Martinets noirs ou encore chauves-souris sont favorisés par l’installation de nichoirs ou le maintien d’ouvertures vers les combles ou les granges.
L’artificialisation des sols contribue au dérèglement climatique et à l'érosion de la biodiversité. Le gouvernement souhaite protéger les espaces naturels et agricoles en instaurant dès 2018 lors de la présentation du Plan Biodiversité, l’objectif de “zéro artificialisation nette”. Il s’agit de limiter autant que possible la consommation de nouveaux espaces et, lorsque c’est impossible, de « rendre à la nature » l’équivalent des superficies consommées en “renaturant” des espaces artificialisés. Les lois “ELAN” (2018) puis “Climat et Résilience” (2021) précisent la traduction de cet objectif dans les documents d’urbanisme (SRADDET, SCOT et PLU) notamment en fixant des objectifs d’intégration d’ici 2027 pour permettre d’atteindre cet objectif en 2050.
habitants / km² en Centre-Val de Loire
d'augmentation de l'artificialisation du territoire régionale entre 2006 et 2015
Le milieu urbain se caractérise par une multitude d’habitats potentiels dont la richesse biologique est très hétérogène. Parmi ces habitats, nous pouvons retrouver :
Souvent de tailles très réduites, ces milieux sont soumis aux contraintes liées à l’activité humaine (dérangement, bruit, pollution, …) favorisant des espèces faunistiques communes et généralistes qui peuvent s’adapter à une large gamme de conditions écologiques et utiliser des ressources variées.
Les flux de personnes et de marchandises sont aussi particulièrement favorables aux espèces exotiques : animaux domestiques, plantes ornementales, espèces introduites de façon involontaire… Certaines de ces espèces « se naturalisent ». Quelques espèces exotiques peuvent avoir un caractère envahissant, lié à leur forte capacité de colonisation. Leur développement peut alors porter préjudice à d’autres espèces moins compétitrices, ce qui peut affaiblir la diversité de certains espaces.
Des interventions humaines peuvent également favoriser le maintien et le développement de la biodiversité en modifiant par exemple les pratiques de gestion de ces différents espaces (gestion différenciée des espaces verts, gestion alternative des eaux pluviales, ...), en créant des aménagements favorables (nichoirs, hôtels à insectes, plantation de végétaux locaux, …) voir compensant les atteintes à ces milieux (renaturation, création de passage à faune, …).
De nombreuses espèces, végétales comme animales, et présentes en milieu artificiel sont protégées. Le Code de l'Environnement interdit par exemple de détruire les nids, capturer les animaux, perturber le cycle de reproduction d'une espèce, dégrader les sites de repos... Dans les espaces urbains et artificiels, ces dérangements sont fréquents. On peut cependant s'en prémunir en :
Pour en savoir plus, consultez le livret "Nature et bâti" de Loiret Nature Environnement.
Toitures, clochers, murs, jardins, parcs, granges... Les villes et villages accueillent encore des espèces qui cohabitent avec les humains. Elles sont dites "anthropophiles".
Les hirondelles sont les espèces du bâti par excellence. De fenêtre comme rustique, elles sont souvent présentes en haut des murs, sous les poutres et dans les granges en milieu rural.
Oiseau sociable assez commun en ville, le Moineau domestique est observé jusque dans les centres-villes très urbanisés.
Parmi les rapaces des villes, l'Effraie des clochers apprécie, comme son nom l'indique, de nicher dans les clochers des églises, si tant est qu'ils ne soient pas grillagés; parfois également dans les vieilles granges, les ruines ou les trous d'arbres. C'est un oiseau plutôt solitaire en dehors des périodes de reproduction.
Plusieurs chauves-souris pourraient être citées, mais la Pipistrelle commune, avec sa petite taille, trouve sa place dans des lieux à température et hygrométrie constantes, comme des caves ou des bâtiments non chauffés. Elle vit en colonie et peut être la meilleure amie de vos soirées d'été en dévorant de nombreux moustiques. D'autres chauves-souris s'installent sous les tuiles, derrière les volets ou dans de petites ouvertures de vieux bâtiments.
Côté reptiles et amphibiens, le Lézard des murailles et l'Alyte accoucheur peuvent être visibles dans les villes et villages. Le premier plutôt au soleil sur les murs ou en bordures de haies; le deuxième le soir après la pluie, vous pourrez entendre son chant flûté.
Les insectes sont peu présents en ville, trop perturbés par la lumière, le sol artificiel ou encore le manque de fleurs locales adaptées à leur physionomie. Mais dans les jardins ou les parcs, l'abeille Osmie Cornue, reconnaissable grâce à son aspect touffu orangé, peut se plaire dans des trous/fines cavités obstruées avec de la terre.
La ville abrite bon nombre de plantes invasives : Ailanthe glanduleux, Ambroisie à feuilles d’Armoise, Renouée du Japon, Asters, Mahonia faux houx, Herbe de la pampa, Balsamine de l’Himalaya, Raisin d’Amérique… Si l’esthétique et l’ambiance afférentes à ces espèces peuvent être appréciées, un possible envahissement vers les espaces naturels périurbains n’est pas à négliger. Certaines collectivités choisissent de ne plus planter ces espèces sur leur territoire. Le Groupe de Travail Plantes Invasives (GTPI) Centre-Val de Loire peut les accompagner grâce à la Charte d’engagement contre l’introduction de plantes invasives. Découvrir cette charte en suivant ce lien.
Le Mahonia faux houx est une plante invasive.
A savoir ! Bientôt tout le territoire régional sera concerné par un arrêté préfectoral pour lutter contre les ambroisies invasives. Plus d’informations en suivant ce lien.
Olivet - Voies vertes © LRP
En charge de l'accompagnement des acteurs
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
Animatrice territoriale sur les Solutions d'adaptation fondées sur la Nature
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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