Se loger, se nourrir, se déplacer, se reproduire… Les haies c’est la formule « pension complète » !
Le bocage est un paysage rural constitué d’une mosaïque de prairies et de cultures limitées et closes par un réseau de haies et de bosquets plus ou moins dense.
Une haie bocagère est caractérisée par un alignement d’arbres et d’arbustes de 3 à 20 m de haut.
Les haies structurent le bocage : elles peuvent être hautes ou basses, larges ou étroites, continues ou discontinues, composées d’espèces buissonnantes, d’arbustes, de trognes, de grands arbres, d’herbes, de mousses… La richesse écologique des bocages varie selon l’âge des haies, leur morphologie (strates, largeur) et la diversité des essences d’arbres et d’arbustes. On y retrouve également des boisements, des zones humides, et, souvent, entre deux talus, des chemins creux, voies traditionnelles de circulation dans les zones bocagères. Ce maillage a été conçu par et pour l’activité agricole.
Le bocage est une entité multi-services. Il participe à :
Ce paysage s’est façonné en Europe de l’Ouest à partir du Moyen-Âge, suite à l’installation de modes de cultures associées (vignes, vergers, céréales, légumes…).
C’est à partir du XXème siècle qu’il a fortement régressé, notamment suite aux remembrements pensés pour faciliter la mécanisation.
Les bocages, caractéristiques d’un modèle agricole « agroforestier » (association de cultures, d’élevage et de production de bois), continuent de disparaître.
Les régions les plus bocagères de France métropolitaine sont sans conteste la Normandie et la Bretagne. En Centre-Val de Loire, le Cher et l'Indre sont les plus représentatifs.
Bien que le bocage ne se résume pas à un linéaire de haies, la représentation de ce dernier permet de retrouver les grandes régions de bocages du territoire. Le Perche au Nord-Ouest, le Pays fort et le Sancerrois à l’Est, et le Boischaut au Sud de Châteauroux se dessinent en effet sur la carte.
Les haies du bocage représentent des lieux de vie et de passage pour de nombreuses espèces (petits mammifères, oiseaux, reptiles...) et des réservoirs de nourriture. Certaines haies peuvent même avoir une fonction fourragère pour l’élevage. Pour qu’elles soient durables, les haies doivent être composées d’un double ou triple linéaire où les arbres et arbustes sont disposés en quinconce.
Une largeur minimale d’1.50m est nécessaire pour le bon fonctionnement d’une haie.
Les arbres et arbustes d’une haie s’offrent une protection les uns par rapport aux autres avec, par exemple, l’ombre des grands arbres qui profite aux plus petits (la Clématite des haies, la Ronce commune, les Aubépines...). On retrouvera ces mêmes espèces en lisière de forêt.
Les haies favorisent une importante diversité biologique grâce à plusieurs caractéristiques :
Tout en haut des arbres de haut jet (chênes, noyers, tilleuls…), les oiseaux comme les rapaces veillent sur les cultures en capturant les insectes parasites, mais aussi les rongeurs et autres petits mammifères.
À la hauteur des arbustes ou des arbres en bosquet (charmes, érables, merisiers, saules, pommiers sauvages…), cohabite une faune très variée, d'oiseaux mais aussi d'insectes et de mammifères. Elle sert souvent de zone de nidification et de garde-manger de choix pour la faune, en fleurissant sur une longue période et en mettant à disposition des baies variées presque toute l’année.
Les lianes comme le lierre jouent également un rôle important : floraison tardive donc récolte prolongée de pollen pour les pollinisateurs, effet parasol qui protège des grosses chaleurs… On peut aussi citer le rôle des plantes qui poussent sur d’autres plantes (appelées épiphytes) comme le gui par exemple : source de nourriture importante pour certains oiseaux...
Au pied de la haie, la zone herbacée attire les insectes pollinisateurs, et sert aussi de zone de reproduction et de couloir de déplacement des animaux (hérissons, tritons…), notamment dans les secteurs agricoles.
Dans les mares avoisinantes, au milieu des prairies, on observe des batraciens (tritons, grenouilles…) et des insectes (libellules…) qui profitent de cette mosaïque de milieux pour y habiter, s’alimenter et se reproduire.
km de haies en région CVL, soit 1,8 fois moins qu'en Bretagne ou Normandie (IGNF-OFB, 2020)
espèces peuvent être trouvées sur un arbre têtard
Plusieurs Pays / PETR (pôle d’équilibre territorial et rural) en région portent des programmes de plantation à destination des acteurs de leur territoire (agriculteurs, collectivités, particuliers). Chaque année, un appel à projet est lancé pour identifier les plantations prévues pour l’hiver suivant. La collectivité réalise une commande groupée de plants (en majorité issus de la marque Végétal local ou équivalent) et prend en charge une partie des coûts de plantation sur les crédits du CRST (Contrat Régional de Solidarité Territoriale signé entre la Région et le Pays/PETR). Le bénéficiaire doit alors s’engager à entretenir durablement les haies ainsi plantées.
Bocage Berry © Nicolas Van Ingen
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Animatrice de l'Observatoire
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