Les messicoles sont des espèces végétales inféodées aux cultures agricoles. Menacées du fait de l’uniformisation des parcelles et de l’intensification des pratiques agricoles, ces plantes sont pourtant des ressources essentielles pour les pollinisateurs sauvages et autres auxiliaires. En Centre-Val de Loire, le plan d’action qui leur est dédié est élargi pour inclure les plantes compagnes des vignes et vergers.
Messicoles désigne étymologiquement les plantes « habitant les moissons ». Les messicoles sont des fleurs sauvages que l'on retrouve dans les champs cultivés. Elles poussent dans les cultures sans y avoir été semées ce qui a bien souvent mené à les considérer comme des "mauvaises herbes". Coquelicot, Nielle des blés, Miroir de Vénus ou encore Bleuet des champs, leur présence embellit les bords des champs pour le plaisir de nos yeux mais avant tout, le bonheur des pollinisateurs !
Les plantes messicoles sont annuelles et calent leur cycle biologique sur celui des céréales d’hiver (blé, orge) : germination automnale après le semis, floraison et dissémination des graines avant la moisson (début d'été).
Leur présence est étroitement liée à l’histoire de l’agriculture. Dès la domestication des premières céréales au Moyen-Orient au Néolithique (il y a 9 000 ans environ), des plantes sauvages locales ont rapidement colonisé les champs cultivés, et ont évolué avec les pratiques agricoles. Au gré des échanges de semences, elles ont été dispersées dans les différents territoires.
Les plantes messicoles ont régressé avec les changements de pratiques agricoles survenus en Europe à partir du XXème siècle. La généralisation du labour profond et l’emploi des herbicides ont entrainé l’élimination de nombreuses espèces annuelles. L'amélioration des techniques de tri des semences a également participé au déclin de certaines espèces en les éliminant des impuretés des lots de semences de céréales.
Pour autant, ces fleurs sauvages maintiennent les populations d'auxiliaires des cultures à proximité des champs en leur offrant le gîte et le couvert. Ces auxiliaires, insectes prédateurs des insectes indésirables (comme la larve de la syrphe prédatrice de pucerons, et l'adulte adepte du nectar !) sont bien utiles aux agriculteur·rice·s.
Certaines zones agricoles de la région recèlent encore d’une belle richesse en messicoles. C’est le cas dans le Richelais et en Champeigne, mais également en vallée de la Cisse et en Vallée de l’Essonne, et surtout en Champagne berrichonne, où de belles rencontres botaniques sont à faire dans les champs !
Les messicoles de Centre-Val de Loire sont répertoriées dans le catalogue régional des espèces messicoles réalisé par le Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP). Il regroupe toutes les espèces associées aux champs cultivés, avec leur priorité de conservation, leur statut de menace et leur rareté.
*Le tableau se situe dans les ressources téléchargeables de la page dédiée
espèces de messicoles en Centre-Val de Loire (source CBNBP)
des messicoles sont menacées en Centre-Val de Loire (source CBNBP)
C'est une messicole fortement menacée en région, autrefois très commune. Ses graines, toxiques et semblables aux grains de blés, pouvaient se retrouver dans le pain et le rendre impropre à la consommation tout en lui donnant une teinte colorée.
Les plans nationaux d'actions sont des outils stratégiques déployés lorsque les outils de protection réglementaire sont jugés insuffisants pour maintenir ou rétablir une espèce dans un état de conservation favorable. Les actions déployées visent à connaître, gérer et restaurer, protéger, sensibiliser et former les gestionnaires et élu·e·s locaux.
On compte 72 plans nationaux d'actions et 16 sont déclinés pour le Centre-Val de Loire.
Très prochainement, une nouvelle mouture du Plan National d’Actions (PNA) consacré aux messicoles va voir le jour. Élargie aux plantes compagnes des vignes et des vergers, elle permettra de renforcer les actions mises en œuvre ces 10 dernières années, tout en les diversifiant.
Les botanistes ont trouvé 10 espèces de plantes sauvages associées aux vignes et aux vergers :
Le groupe de travail régional, animé par la délégation régionale du CBNBP avec l’appui de l'État (par le biais de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL)), est bien décidé à poursuivre les actions engagées. Parmi elles, les connaissances régionales sont constamment renouvelées à travers les prospections mises en place sur les bords de champs. Ainsi, des espèces à forte priorité de conservation ont pu être retrouvées et pourront faire l’objet de programmes de réintroductions grâce à leur maintien en banques de semences.
De nouvelles pistes sont envisagées, suite notamment aux opportunités créées par l’ouverture du PNA aux plantes des vignes.
23 espèces de messicoles sont disponibles dans la marque Végétal Local dans la région biogéographique Bassin Parisien Sud, dont de nombreuses espèces rares et menacées. L'association naturaliste la SEPANT et le jardin conservatoire de la Morellière, en Indre-et-Loire, prévoient la labellisation de 13 nouvelles espèces, ce qui garantira l’origine génétique locale des semences. Les particuliers peuvent ainsi se fournir en lots de semences auprès de la marque pour embellir leur jardin tout en contribuant à la conservation de ces plantes, plus nourrissantes pour les pollinisateurs que les variétés horticoles.
espèces sont étroitement liées aux cultures de vignes en Centre-Val de Loire.
Parmi elles la Tulipe sauvage qui pourrait être la cible d’actions de réimplantations dans le Loir-et-Cher et en Touraine.
10 sites conservatoires sont développés par les associations locales. Ils permettent la préservation ex-situ des espèces en danger. Le Jardin conservatoire de la Morellière en Indre-et-Loire, soutenu par l'association la SEPANT, accueille de nombreuses espèces messicoles. Le Conservatoire d’espaces naturel de Loir-et-Cher (Cen 41) et l'association naturaliste le CDPNE effectuent une démarche similaire dans le département voisin sur des sites pilotes.
Les jardins conservatoires servent de vivier à des expériences de réimplantation de messicoles sur des terres agricoles et des zones péri-urbaines. En tout, une trentaine de sites ont été ciblés par des actions de réimplantations.
Orlaya à grandes fleurs. considérée disparue en région, cette espèce trouve refuge dans le jardin conservatoire de la Morellière, à Saint-Laurent-de-lin ©R. Dupré, CBNBP
Chargé d'études flore et habitats / Animateur du pôle Flore et Habitat de l'Observatoire
Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP)
Chargé d'études flore et bryophytes / Animateur du pôle Flore et Habitat de l'Observatoire
Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP)
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Du blé de la Beauce à la cerise du Loiret en passant par les vignes de Touraine, les milieux cultivés structurent notre région et abritent une grande biodiversité !
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Biodiversité et agriculture sont interdépendantes depuis des milliers d’années. Alors que l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité, les modes de production agricole des cinquante dernières années ont dégradé l’état de la...
Retour d'expérience
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Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien est un service scientifique du Muséum National d'Histoire Naturelle.
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Les plans nationaux d'action (PNA), qui peuvent faire l'objet de déclinaisons régionales ( PRA), visent à assurer la conservation ou le rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces de faune et de flore sauvages menacées. Ils ont...
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Depuis 2015, le Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBN du Bassin parisien) anime le pôle Flore & Habitats de l'Observatoire dans le but de partager, diffuser et valoriser les programmes, les outils et les actions de chacun.
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60% de notre alimentation (fruits dont le café, le cacao, certains légumes, graines et semences de nombreux végétaux, ainsi que la quasi-totalité des plantes à fleurs sauvages) dépend des insectes pollinisateurs. Cet incroyable service rendu par la...